S’obliger à partir, à tout quitter quand rien a priori n’y contraint vraiment n’est jamais un acte anodin. S’obliger à migrer quand on dispose d’un travail, d’attaches familiale et relationnelle révèle la dimension énigmatique de ce type d’action. Les études portant sur les migrations ont abondamment montré la dimension hétéronome des déplacements des migrants alors même qu’il est des formes migratoires qui mobilisent d’autres registres et s’accomplissent selon des dynamiques différentes : celles et ceux qui les mettent en oeuvre se placent sur le registre de l’obligation, davantage que sur celui de la contrainte.
Entre mémoire et histoire, l’autonomie de l’action ainsi que les migrants « volontaires » sont au coeur de cet ouvrage. Venus d’horizons géographiques divers, leur point commun est de s’être installé dans une des trois villes retenues dans le cadre de cette recherche. La prise en compte de ces parcours singuliers a ensuite donné la possibilité de réfléchir sur les conditions qui permettent de parler de groupe migratoire, de mettre également l’accent sur cette migration statistiquement non représentée mais représentative.
La migration apparaît ici comme un processus qui interroge l’histoire personnelle et familiale du migrant, un acte volontaire, saisissable par exemple par la formation du regard, la territorialité, la rencontre sociale, l’habitabilité ou encore l’hospitalité de la ville.
Constance De Gourcy est maître de conférences en sociologie à l’Université de Provence. Chercheur au Laboratoire Méditerranéen de Sociologie (LAMES), ses travaux s’inscrivent dans les domaines de la sociologie des migrations et de la sociologie urbaine.