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Christophe Traïni, La musique en colère

Domitille Piron
La musique en colère
Christophe Traïni, La musique en colère, Les Presses de Sciences Po, coll. « Contester », 2008, 122 p., EAN : 9782724610611.
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Texte intégral

1En démarrant par des mobilisations bien orchestrées, Christophe Traïni nous montre rapidement l'intérêt de la musique dans quelque contestation que ce soit. En effet, aucune manifestation n'a pu se passer de musique, comme on le voit depuis les épisodes révolutionnaires ou totalitaires, ou comme dans tous les mouvements contestataires de la seconde moitié du XXème siècle à nos jours. Tout d'abord donc, on conteste en musique. La musique à une fonction expressive que ce soit à travers les paroles ou les sons, elle exprime et suscite sentiments et humeurs tandis que les instruments s'assimilent à des caractères. Comme on le voit par exemple avec le mouvement hippie qui s'identifie au Flower Power. De plus la scène, les chorégraphies, les chœurs et alternance vocale sont porteurs de contenu symbolique. Mais la musique a d'abord une fonction sociale qui nécessite une réglementation, en effet chaque modèle musical correspond à un statut social. Enfin, on voit que la musique est omniprésente que ce soit pour la distraction, la contemplation, la légitimation ou la contestation.

2Ensuite, la musique amplifie la contestation, la protestation est d'abord un débordement d'émotions. Le recours à la musique permet alors de poser les revendications sur une sensibilité qui suscitera donc l'attendrissement. Mais il permet aussi de repérer l'appartenance d'un groupe à un mouvement et invite à la mobilisation donc correspond à un processus de communalisation et un travail de conflictualisation. De plus la musique promeut des valeurs morales et a des affinités avec la dénonciation politiques. Ainsi la diffusion de la musique est un moyen efficace quand il s'agit de rallier du public à une cause. Et peut même correspondre à une socialisation politiques des plus jeunes générations. Puis on se demande ensuite a quel points les pratiques musicales peuvent être impliquées dans les tactiques politiques. On remarque d'abord que le savoir faire des musiciens consiste à manipuler les conventions sous trois formes: le détournement, l'innovation et la fusion d'éléments hétérogènes. Qui permet d'être alors parfois plus efficace qu'un plaidoyer. La musique suscite alors un sentiment de communalisation et les chansons invitent le public à s'inquiéter des politiques actuelles de leur temps. Comme les musiciens britanniques contre la politique de Margaret Thatcher ou encore le groupe Zebda contre la montée du Front national en France.

3Enfin on s'intéresse au contestataire, à l'artiste et au marchand. La musique peut être exutoire ou “moratoire” de la jeunesse mais peut aussi correspondre à un investissement affectif. Ainsi la musique est le “soupir de la créature opprimée”, comme on a pu le voir avec le jazz. Puis on peut avoir plusieurs point de vue en ce qui concerne l'art de la musique. D'un côté l'art peut se suffire à lui même sans exigence ni règles et il est autonome. D'un autre l'art à une utilité sociale, des principes qui le dépasse et il est engagé. Puis en ce qui concerne la commercialisation de la musique, elle requiert que le marchand sache s'accommoder et tirer le meilleur profit de ses conceptions.

4En fin de compte, on remarque que le but du livre est de convaincre de la complexité des relations entre la musique et la contestation. Il apporte alors autant au lecteur novice, en ce qui concerne la musique, qu'au professionnel un bref historique de celle ci, une large définition et quelques significations ainsi qu'une énumération non exhaustive des contestations ayant utilisé la musique. A travers des exemples plus ou moins connus comme Woodstock, le Civil Rights Movement, la propagande dans les totalitarismes, les chants goliard du moyen-age, le Charity Rock ou encore le mouvement punk ou rap et bien d'autres. On pourrait croire à première vue que l'ouvrage se contente seulement d'énumérer des contestations utilisant la musique, mais pas seulement puisqu'on remarque que l'œuvre propose une véritable réflexion sur la musique, ses significations et sous-entendus. Et une analyse des propriétés qui font de la musique un puissant auxiliaire des mobilisations collectives. De plus on s'intéresse à l'artiste (professionnel dans la plus part des cas) qui en principe est engagé et a un rapport direct avec la cause défendue. Puis l'artiste se présente aussi comme agitateur culturel contre les pouvoirs en place et n'hésitent pas à exploiter leur notoriété pour le service d'un cause.

5L'ouvrage de Christophe Traïni s'ancre aussi dans l'actualité en s'ouvrant sur la manifestation contre le CPE, en rapprochant de nombreux événements à l'actualité et en s'achevant sur des questions de science politiques et en interpellant le lecteur afin qu'il s'interroge lui même à l'égard de l'ordre présent des choses afin qu'il chante ou non son mécontentement. De plus l'auteur à recours à quelques tableaux faisant une analyse succincte et clair du chapitre traité et utilise des exemples précis de chanson en s'appuyant sur les paroles de celles ci. Un ouvrage peut être trop court malheureusement pour pouvoir en comprendre aisément la totalité mais qui donne donc envie de continuer à s'intéresser au sujet. On comprend alors l'intérêt de la musique pas seulement en tant que fonction sociale mais aussi dans la signification d'un message qu'elle peut, souvent à cause de la censure, et parfois malgré elle, faire passer plus aisément.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Domitille Piron, « Christophe Traïni, La musique en colère », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, mis en ligne le 03 août 2008, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/lectures/642 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lectures.642

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Rédacteur

Domitille Piron

Elève en terminale ES au lycée Jules Froment d'Aubenas.

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