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A quoi servent les sciences sociales du sport ? Recherches et utilité(s) sociale(s).

Appel à contributions pour un congrès, Lyon, 27-29 mai 2009

publié le dimanche 30 novembre 2008

Domaine : Sociologie

Sujets : Sports et loisirs

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Les politiques publiques de la recherche sont de plus en plus centrées sur la logique de l’efficacité et la « culture du résultat ». Elles incitent les laboratoires à penser leurs projets dans la perspective de « retombées » socio-économiques à court terme (pilotage des projets ANR, « ouverture vers le monde de la demande sociale » comme indicateur de l’évaluation de la recherche par l’AERES...) et à rechercher des financements alternatifs (notamment en direction du secteur « privé » via le montage de partenariats, des bourses CIFRE...) qui rompent avec la logique des subventions. En ce sens, injonction leur est faite de légitimer leurs recherches, par définition « appliquées », à partir de leur « utilité sociale » et de leur capacité de répondre aux « demandes sociales », c’est-à-dire aux phénomènes construits comme « questions sociales » (violence, santé, intégration, développement durable...).

Pour autant, et notamment dans le champ des sciences sociales du sport, les analyses visant à répondre à ces « demandes sociales » ne sont pas récentes. En effet, depuis plus de vingt ans, sociologues, ethnologues, géographes, économistes, chercheurs en sciences de gestion... sont sollicités par les acteurs publics (Union européenne, Etat, région, communautés de communes...) pour éclairer leurs politiques sportives (transversales avec l’économie, le territoire, l’emploi, la formation, le social...) ou mesurer les retombées économiques, médiatiques et sociales des grands événements sportifs. Ils interviennent également auprès des organisations sportives du secteur associatif, au niveau national (fédérations, ligues...) ou international (CIO, AMA...) afin d’éclairer leurs modes de fonctionnement et de développement. Ils sont enfin sollicités par des entreprises du secteur marchand, notamment dans le domaine du sport professionnel, du tourisme, voire de la distribution ou de l’industrie des articles de sport pour réaliser des « études » sur les formes de consommation des pratiquants sportifs.

Ainsi, les réponses aux « demandes sociales » ne sont pas nouvelles. Le questionnement épistémologique sur le rapport entre sciences sociales (du sport) et « demandes sociales » ne l’est pas non plus. En revanche, le contexte institutionnel et politique de la recherche rend cette interrogation plus cruciale pour l’avenir des recherches dans ce domaine. Dans ce cadre, les sciences sociales (du sport) peuvent-elles se contenter d’un positionnement strictement critique de dénonciation des idéologies et des formes de domination ?
Un travail préalable de déconstruction/reconstruction des notions de « demandes et d’utilité(s) sociale(s) » issues des discours des acteurs publics ou privés et une interrogation sur les différentes formes d’ « utilité sociale » sont sans doute nécessaires. Il est d’ailleurs fort probable que la « communauté » des chercheurs en sciences sociales n’adopte pas une position homogène sur ce plan. N’existe-t-il pas une opposition entre les formes « nobles » de l’utilité sociale (participation à une démocratie éclairée - politiques et citoyens - par les sciences sociales, voire visée réformiste de la société et intervention sur les questions « sociales ») et les formes « vulgaires », voire « pernicieuses » qui dénatureraient l’esprit et l’autonomie des sciences sociales (aide aux actions de rationalisation et de développement des organisations sportives) ?
Inversement, on peut se demander si l’accès des chercheurs à la visibilité médiatique ne devient pas une condition de légitimation de leurs productions scientifiques et de leur « utilité sociale » en termes de valorisation/vulgarisation. Dès lors, dans quelle mesure cette médiatisation produit-elle également une légitimation dans l’espace académique, voire un renversement de la hiérarchie des productions scientifiques ? Les chercheurs sont-ils condamnés à passer par le filtre, sans doute déformant, des médias pour éprouver « l’utilité sociale » de leurs recherches ?

Quoi qu’il en soit, une partie des chercheurs en sciences sociales (du sport) est engagée dans des recherches commanditées par des acteurs du secteur public, associatif ou marchand. Il s’agit donc de s’interroger sur les risques d’instrumentalisation des recherches et sur les conditions du maintien de l’autonomie du chercheur engagé dans une « étude commanditée ».

Au-delà, il s’agit de rendre compte des formes d’engagement du chercheur et des usages de ses « résultats » par les commanditaires. En premier lieu, les acteurs sociaux ont-ils tendance à davantage solliciter les chercheurs ou recourent-ils plus volontiers à des cabinets d’étude ? Le chercheur est-il condamné à formater ses recherches sur le modèle du consulting pour espérer y trouver des retombées en termes « d’utilité sociale » ? Ne risque-t-il pas au contraire de perdre sur les deux tableaux, c’est-à-dire, sans même parler de perdre son âme, ne pas maîtriser les ficelles du métier de consultant tout en étant improductif sur le plan de la production scientifique ? Quels types de relations se construisent entre les acteurs sociaux et les chercheurs ? Quelles sont les formes d’engagement « éthique » du chercheur ? Quelles sont les différentes formes de restitution des résultats auprès des acteurs sociaux ? Comment ces derniers s’approprient-ils les analyses des sciences sociales du sport ? Quels sont les usages des résultats des recherches en sciences sociales du sport ? Constituent-ils une réelle aide à la décision et à l’action ou servent-ils, au mieux, d’alibi pour valider les décisions a posteriori ?
Telles sont les questions dont nous souhaiterions débattre à l’occasion du 5ème Congrès de la société de sociologie du sport de langue française. Il s’agit sans doute d’une thématique controversée, mais gageons que les débats sauront dépasser les simples polémiques.

Note de la rédaction
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