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Aidants et soignants. Partenariats ou confrontations ?

Un numéro de la revue Réciproques (N°2, décembre 2009)

publié le lundi 26 avril 2010

Domaine : Sociologie

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Par Hervé Polesi [1]

Avec son second numéro de l’année 2009, construit autour du titre « Aidants et soignants. Partenariats ou confrontation ? », la revue Réciproque réussit au moins déjà à atteindre un premier objectif, celui de la diversité et de la richesse. Le lecteur peut ainsi être temporairement dérouté par un article, signé Karine Tinat, consacré à Simone de Beauvoir. De la même façon, toute la partie de la revue laissant place à la parole des « Acteurs et témoins » peut dérouter : en effet, les interventions proposées là sont construites sur le mode questions/réponses, dans une rupture de style très marquée avec les autres textes de la revue. Mais l’ensemble laisse une impression positive et il faut reconnaître aux coordonnateurs du numéro d’avoir su proposer un ensemble relativement bien articulé de textes et d’interventions.

Il aurait été possible de craindre de la part d’une revue de proximologie que la question de l’aidant aille de soi : il serait possible d’observer l’aidant, de tenter de le comprendre, etc., sans jamais interroger cette notion, sans jamais tenter de déconstruire la figure de l’aidant. Il se trouve tout de même dans ce numéro des éléments (notamment dans l’article signé par Andrée Sévigny, Steve Paquet et Annie Frappier) qui permettent de revenir sur cette figure et de l’interroger. La même remarque vaut pour la notion de proximité. Il semble au final que la lecture puisse profiter aussi bien à un acteur donné du champ de l’aide, qui découvrira des lectures venant en contre-point de la sienne propre, qu’à un lecteur complètement extérieur aux préoccupations de la proximologie. Ce second lecteur, s’il ne trouvera pas de définition de la proximologie dans l’ouvrage, mais une introduction assez colorée aux problématiques approchées dans la discipline.

Sur un plan moins positif, signalons les différents articles présentant des analyses quantitatives. Graphiques et tableaux sont au rendez-vous pour éclairer différents sujets. Il est possible de regretter cependant que tout ce déploiement se limite globalement à quelque chose de très descriptif : les tris statistiques ne sont proposés que dans leur plus simple appareil : pas de tris croisés, encore moins d’analyses plus complexes. Il sera ainsi impossible de savoir par exemple si les aidants de personnes en hospitalisation à domicile ayant répondu « oui » à l’affirmation « Je ressens un besoin d’aide psychologique » se distinguent d’une façon ou d’une autre de ceux ayant répondu « non ». Il est possible que cela traduise des choix éditoriaux ou des limites techniques (effectifs de répondants) : dans leur version la plus simple, les tris statistiques et les commentaires les accompagnant sont probablement accessibles à tous les lectures. Il n’en reste pas moins que, pour le lecteur à l’aise avec l’information quantitative, l’ensemble s’avère finalement assez frustrant : une fois relevé qu’un aidant sur deux exprime un besoin de soutien psychologique (mais quel serait ce taux en population générale ?), il serait pertinent d’en savoir un peu plus sur les uns et les autres. Les caractéristiques des aidants, pourtant précisées dans les différents papiers, ne sont ainsi pas exploitées : hommes, femmes, conjoints ou enfants sont ainsi traités sous l’étiquette uniforme de l’aidant, comme si les vécus de ces différentes catégories d’aidants étaient interchangeables.

Il est possible de relever par ailleurs qu’il n’est pour ainsi dire par fait mention des aidants professionnels : l’articulation affichée en titre du numéro, combinant aidants et soignants, ne limitait pourtant pas la question aux aidants « familiaux » ou « naturels ». Il existe cependant toute une population professionnelle intervenant au domicile des personnes et ne relevant pas de la catégorie des « soignants » : sont absents ou négligés dans la réflexion les aidants professionnels (i.e. intervenant contre rémunération) que peuvent être la femme de ménage, l’auxiliaire de vie qui vient préparer les repas, ou encore l’étudiant qui fait les courses. S’il est certain que l’intervention des ces personnes salariées reste globalement faible devant l’implication des familles, il semble tout de même souhaitable de s’inquiéter autant de leur fatigue, notamment psychologique, que de celle des proches. Est-ce là un point aveugle du dossier présenté dans ce numéro ou bien s’agit-il plus largement d’un sujet rejeté par la proximologie ?

Enfin, s’il nous est permit de conclure sur un dernier regret, nous devons relever l’absence de deux perspectives qui auraient certainement trouvé leur place dans ce numéro. Ainsi, aucune approche macrosociologique n’est proposée : à l’heure par exemple où un pays comme le Japon envisage d’importer massivement des personnes du Vietnam pour faire office d’aidants auprès des personnes âgées, et où les pays de l’OCDE se soucient des besoins de main d’œuvre générés par le vieillissement de la population, les lectures macrosociologiques semblent nécessaires. Dans le même registre, une mise en perspective historique aurait certainement été la bienvenue.
Ces quelques remarques négatives ne doivent cependant dissuader de la lecture de ce numéro de Réciproques, qui sait apporter, comme nous l’avons déjà dit, un regard varié et riche sur la thématique abordée.

NOTES

[1Chargé d’études en santé publique à l’ORS Alsace et doctorant au sein du laboratoire Cultures et sociétés en Europe (CNRS/Université de Strasbourg)

Note de la rédaction

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