Le procès de la globalisation se poursuit ces jours-ci sur la chaîne publique franco-allemande. Après la stratégie Wal-Mart et le commerce mondial des armes, c’est au tour des institutions financières internationales d’être appelées à la barre dans une fiction très réussie du réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako.
Dans ce film sorti en 2006 dans les salles, c’est un véritable procès qui est mis en scène. Sauf que, loin des fastes auxquels sont habitués les fonctionnaires des institutions du consensus de Washington -selon l’expression consacrée, forgée par l’économiste John Williamson [1], pour désigner le Fonds Monétaire Internationale, la Banque Mondiale et leurs satellites, c’est dans une cour de la capitale malienne, espace de vie commun à plusieurs habitations familiales, qui accueille les auditions. Et notamment les réquisitoires de plusieurs témoins à charge, parmi lesquels l’ancienne ministre malienne de la Culture Aminata Traoré, qui viennent décrire les conséquences sociales ravageuses des politiques d’ajustement structurel imposées par lesdites institutions financières. Pendant ce temps-là, la vie poursuit son cours dans la cour (!), comme une métaphore de la vie politique actuelle dans la cité contemporaine.
Une œuvre d’art et de pédagogie à voir sans tarder, et qui n’est pas sans faire écho à l’essai de Joseph Stiglitz sur cette même question [2]. A noter également pour nos collègues enseignants (et toutes les autres personnes intéressées par un prolongement "pédagogique" d’ailleurs), qu’un dossier pédagogique sur le film est disponible sur le site "Zéro de conduite".
Igor Martinache