La décomposition de l’URSS est un phénomène mystérieux que les spécialistes n’ont pas fini d’explorer vingt ans après. Que s’est-il passé pendant la perestroïka, cette courte période de cinq ans (1986-1991) où tout a basculé ? L’une des singularités de cet ouvrage est de ne pas se concentrer sur le jeu des élites dans les hautes sphères du pouvoir politique, mais sur celui d’acteurs plus ou moins oppositionnels localisés dans leurs périphéries. Il reconstitue l’événement à travers l’histoire des clubs politiques « informels » de Moscou, organisations indépendantes du Parti communiste de l’Union soviétique de l’Union soviétique (PCUS) apparues en 1986-1987. Cette mobilisation originale naît dans les milieux universitaires pour s’étendre rapidement dans l’espace social. Sans adopter la stratégie classique d’opposition frontale, elle parvient néanmoins à ébranler les fondements du système politique. Les clubs informels sont des acteurs importants, bien que mal connus, de cette mutation. Ils ont contribué à façonner le nouvel espace politique concurrentiel qui émerge en 1987 et se modifie radicalement à partir de 1989, lorsque les premières élections libres déclenchent une compétition effrénée et généralisée. L’observation des clubs dans ce contexte mouvant permet d’opérer une plongée dans le processus extrêmement rapide de délitement du système soviétique.
L’analyse présentée ici s’appuie sur les fonds d’archives des clubs informels et de nombreux entretiens approfondis avec leurs principaux dirigeants, mais aussi sur des documents inédits provenant d’un comité du PCUS de Moscou chargé de « traiter » les clubs, de négocier avec leurs membres et de les surveiller.
Clubs politiques et perestroïka en Russie. Subversion sans dissidence
Un ouvrage de Carole Sigman (Karthala, Paris, 2009)
publié le lundi 30 novembre 2009
Domaine :
Science politique
Sujets :
Mouvements politiques et sociaux
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Politique