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Comprendre le monde. Introduction à l’analyse des systèmes-mondes

Un ouvrage d’Immanuel Wallerstein (La Découverte, coll. "Poche", 2009)

publié le mercredi 26 août 2009

Domaine : Economie

Sujets : Mondialisation , Economie

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Par Patrick Cotelette [1]

Immanuel Wallerstein - un des rares sociologues étasuniens lu en France - propose dans la réédition de son ouvrage Comprendre le monde (World-Systems Analysis. An Introduction. 2004) une introduction à l’analyse des systèmes-monde, comme l’indique le sous-titre du livre. Le projet est ambitieux : « réunir en un seul volume tout ce [que Wallerstein entend] par « analyse des systèmes-monde » tout en s’adressant à « trois types de lecteurs à la fois » (p.8), les débutants, les étudiants en doctorat de sociologie recherchant une introduction sérieuse à l’analyse des systèmes-monde et les chercheurs expérimentés. Wallerstein tente ainsi de réaliser un livre-fanion - à la fois emblème et repère - sur l’analyse macrosociale qu’il a développée depuis les années 1960 en croisant les raisonnements de Marx, de Braudel et des économistes de l’échange inégal.

Afin de remplir ce projet, Wallerstein a accompagné son texte d’un glossaire. Ce dernier est fort complet et permet à tout lecteur de se remémorer rapidement un terme technique utilisé ici ou là par Wallerstein. Le seul oubli est une entrée sur la notion de nation utilisée dans un sens très précis dans l’analyse des systèmes-monde, et présentée aux pages 89 et 90.
Le texte est également accompagné d’un guide bibliographique rédigé par Wallerstein lui-même et présentant certains ouvrages de Wallerstein, d’autres auteurs « proches de lui », de « critiques » et de « précurseurs ». Wallerstein accompagne ici le lecteur dans la consolidation de l’image qu’il pourra avoir de l’analyse des systèmes-monde.

Cette analyse est développée dans le corps du texte. Elle a le mérite d’être très claire et d’une lecture agréable. Il est vrai que l’analyse macrosociale de Wallerstein a un côté très séduisant intellectuellement en proposant des analyses de long terme du monde moderne. Plutôt qu’une analyse détaillée d’un pays ou d’une période historique précise, Wallerstein dresse un tableau d’ensemble du système-monde capitaliste moderne, c’est-à-dire - dans sa terminologie - non pas un système du monde mais un système historique et social qui constitue un monde et qui peut occuper une zone plus réduite que la totalité du globe. Hélas, Wallerstein ne trace pas les frontières géographiques du système-monde moderne dans ce livre.
Après un premier chapitre épistémologique narrant l’évolution des sciences sociales de leur naissance aux analyses du système-monde, Wallerstein consacre les chapitres 2 à 4 à la description de ce système-monde capitaliste moderne. La description recouvre trois sphères distinctes : l’économie dans le chapitre 2, l’Etat dans le chapitre 3 et la société civile dans le chapitre 4.
Le cœur de sa pensée pourrait alors être résumé ainsi : le système-monde moderne s’est fondé à partir du milieu du XVème siècle sur le capitalisme, c’est-à-dire la tentative d’une accumulation illimitée du capital ; le capitalisme repose sur des entreprises dont l’objectif est d’accumuler du capital, ce qui est possible en réduisant les coûts de production ou en acquérant une situation de monopole ; les entreprises sont alors en coopération ou en conflit avec différents Etats puisque ces derniers peuvent jouer aussi bien sur les coûts de production (en faisant « internaliser » plus ou moins différents coûts aux entreprises) que sur les situations de monopole ou de concurrence ; le système-monde tire ainsi sa dynamique internationale du déplacement plus ou moins important des processus de production liés à des marchés en situation de monopole ; le système-monde dispose également d’une dynamique nationale fondée sur l’extension plus ou moins grande de la citoyenneté en raison des luttes entre les mouvements favorables au système-monde moderne et les mouvements anti-systémiques.
Le chapitre 5 est consacré quant à lui aux évolutions récentes du système-monde moderne. Wallerstein y explique que le système-monde moderne traverse une crise fondamentale puisque la possibilité de réduire les coûts de production - et donc d’accumuler du capital - s’amenuiserait de plus en plus. De nature prospective, ce chapitre est à cet égard le moins pertinent de l’ouvrage.

D’une manière générale, c’est donc un très bon ouvrage d’introduction qu’a rédigé Immanuel Wallerstein. Sa grande clarté et sa lecture aisée peuvent convaincre de nombreux lecteurs, débutants, étudiants ou chercheurs confirmés. Mais cette lecture impose de réaliser un choix : on peut ne pas adhérer à cette vision de la sociologie qui est très macrosociale - d’aucuns diraient philosophique - et qui ne s’intéresse pas aux interactions interindividuelles au sein d’institutions telles que l’Etat ou les entreprises. Lire cette introduction à l’analyse des systèmes-monde permettra au lecteur de savoir s’il accepte une telle méthode d’analyse ou en rejette les prémisses.

NOTES

[1Professeur de sciences économiques et sociales.

Note de la rédaction

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