Joseph Rouzel : Paroles monstres.
A stigmatiser les adolescents dans leurs productions dites « violentes », on oublie un peu vite qu’il s’agit là de tentatives, dramatiques, tragiques, inquiétantes, hors norme, agressives... de s’exprimer. Nous avons à tenir compte, praticiens de l’intervention sociale ou thérapeutes, de cette tentative singulière. Une telle hypothèse ouvre la clinique avec les adolescents vers l’accueil de ces « paroles monstres », de ces « mots gelés » comme le dit si bien François Rabelais dans le Quart Livre. Paroles sans mots, paroles d’avant les mots, histoires sans paroles, les mises en acte des adolescents cherchent leur voie. À leurs interlocuteurs que nous sommes, dans le travail social ou thérapeutique, de se proposer comme lieux d’adresse de cette tentative, pour qu’ils puissent explorer des chemins fréquentables et supportables pour eux-mêmes et leur environnement.
Bref comme tout un chacun, les adolescents cherchent à qui parler, encore faut-il leur prêter l’oreille !
Ivan Guitz : Quelle justice pour les monstres ?
Visages du nouveau monstre en justice : le « prédateur sexuel ». Conséquences des affaires médiatiques sur les politiques répressives, sur la mise en cause du juge et les réformes de la justice ... Lorsque le monstre se substitue au criminel, le juge n’est plus légitime pour rechercher les éléments à charge et à décharge, pour tenter d’individualiser la peine et plus globalement pour préserver la dimension humaniste de la justice. Au risque de l’erreur judiciaire et de devenir lui-même le monstre.