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Elire domicile. La construction sociale des choix résidentiels

Sous la direction de Jean-Yves Authier, Catherine Bonvalet, Jean-Pierre Lévy (PUL, 2010)

publié le jeudi 14 octobre 2010

Domaine : Sociologie

Sujets : Logement

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Par Nicolas Crochet-Giacometti [1]

Cet ouvrage collectif sous la direction de Jean-Yves Authier, Catherine Bonvalet et Jean-Pierre Lévy est issu d’un colloque tenu à Lyon en 2005. Il se propose, à travers des études variées écrites par des auteurs ayant des formations diverses (sociologues, économistes, géographes...), de faire un point sur la notion de choix résidentiels. En effet, ce choix peut être soumis à l’analyse puisqu’il est possible d’interroger les raisons et les contraintes qui influencent ou pèsent sur les choix résidentiels des individus ou des ménages. La richesse de l’ouvrage provient avant tout de la diversité des études de cas. Se côtoie à la fois une multiplicité d’illustrations en terme de lieux (la France, Montréal, la Grande-Bretagne...), de questionnements méthodologiques et de perspective d’analyse, et c’est ce foisonnement qui donne une grande pertinence à l’ouvrage en montrant la complexité qui organise le choix résidentiel.

Aborder la question du choix résidentiel c’est donc s’interroger sur la multiplicité des facteurs qui peuvent intervenir dans ce choix : Des déterminants financiers, familiaux (aussi bien pour la famille d’où l’on vient que celle que l’on construit), professionnels, institutionnels, spatiaux... Le fait d’aborder la situation d’autres pays permet ainsi de voir les différences et les similitudes dans les choix résidentiels. Par exemple, la politique de Margaret Thatcher a facilité pendant un temps l’accès à la propriété privée, qui est alors devenu un passage obligé et commun pour les ménages anglais. Le rôle de la profession possède aussi une importance indéniable. Le changement professionnel peut d’abord être une source de changement résidentiel, ce qui est encore plus le cas quand l’entreprise se délocalise (contribution de Cécile Vignal), mais le lieu de la profession joue aussi et dans ce cas les ménages peuvent s’interroger : vaut-il mieux être proche de son emploi ou accepter de s’en éloigner pour profiter d’autres avantages...

Une autre contrainte qui influe sur le choix tient tout simplement dans les revenus (et éventuellement le patrimoine déjà existant) des individus ou des ménages. Ainsi, les moins aisés semblent contraints en terme financier. Pour autant une majorité de ménages parmi les plus aisés sont aussi contraints par le positionnement géographique et la recherche d’un entre-soi, d’une homogénéité sociale. On peut à ce titre signaler la réflexion autour de cette question menée par Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot [2]. Toutefois, l’ouvrage souligne aussi que les individus appartenant aux couches aisés de la population n’habitent pas forcément dans des quartiers socialement homogène car cela dépend de leur vision de l’intégration sociale (contribution de Agnès Van Zanten).

De plus le choix résidentiel peut se poser autrement pour les ménages : sous la forme par exemple d’un arbitrage entre rester ou partir de l’habitation dans un quartier central, rester dans son pavillon ou partir en maison de retraite (contribution de Sébastien Lord) ou de la gestion d’une contrainte comme la vieillesse. Ce qui ressort alors d’une part importante de ces analyses, c’est premièrement l’incertitude importante qui entoure les individus quant au futur de leur résidence et deuxièmement l’importance de l’attachement au quartier, et du « chez-soi » qu’on ne souhaite pas quitter...

Mais comprendre ce choix n’implique pas seulement de s’intéresser aux ressources et contraintes des personnes mais de prendre en compte les éléments de contexte qui structurent les décisions, les motifs invoqués par les individus, les interactions avec d’autres personnes, les histoires personnelles et familiales... La contribution de Yves Grafmeyer souligne à ce titre l’importance « d’étudier les choix en situation » c’est-à-dire en prenant en compte tous les éléments de contexte du choix. Les trajectoires de vie ont alors autant d’importance que les déterminants sociaux et permettent de passer d’une analyse quantitative mais statique à une analyse plus qualitative (qui prend plus en compte les monographies, entretiens...)

Les réflexions sur les choix résidentiels reprennent donc une grande partie des conclusions auquel aboutit la sociologie en général notamment sur l’influence des caractéristiques sociales comme le sexe, la profession, le milieu social... Mais cette réflexion prend aussi en compte la trajectoire biographique des individus pour qui l’avenir résidentiel peut se trouver remis en question lors de changements (familiaux, professionnels...) ou lors de nouveaux projets résidentiels. Enfin, face à la multiplicité des situations et des choix, l’ouvrage souligne avec intérêt que les choix des individus sont souvent incertains, n’obéissent pas forcément à une rationalité pure (au sens de la théorie économique) et ne sont pas contraints complètement par des déterminants sociaux. Les individus, quels qu’ils soient, ont une part importante d’autonomie dans leurs choix résidentiels. Il existe alors non pas un mais des processus de construction du choix résidentiel. Au final les individus arbitrent entre des ressources, des contraintes, des désirs et des biographies multiples qui s’entrecroisent.

Ce livre a donc la volonté de donner un panorama le plus complet et diversifié sur ces questions, montrant la richesse possible du questionnement autour du choix résidentiel. Mais son atout (le foisonnement des analyses) est aussi sa principale faiblesse au sens où le lecteur, peu au fait de ces questions, peut rapidement se sentir perdu dans la myriade d’exemples, de lieux, de conclusions et de méthodologies utilisés. A ce titre, on soulignera l’intérêt de la contribution de Yves Grafmeyer qui permet d’avoir une vision plus globale autour de ces questions.

NOTES

[1Enseignant de SES au lycée Bayen de Chalons-en-Champagne

[2M. Pinçon et M. Pinçon-Charlot, Les Ghettos du Gotha : comment la bourgeoisie défend ses espaces, Seuil, Paris, 2007

Note de la rédaction

À lire aussi dans la rubrique "Lectures"

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