La question du traitement du corps est centrale dans l’histoire du cinéma. Les formes primitives de ce medium ont simultanément exploité les manières habituelles de montrer les corps dans les arts forains dont il est le prolongement indirect, et inventé de nouvelles possibilités de les mettre en scène, de les représenter ou de les faire disparaître et réapparaître à volonté. Pour certains cinéastes des origines, ces frictions entre le corps et le cinéma occupent même une place essentielle dans un dispositif où ce que l’on regarde s’impose comme une épreuve du voir assimilée aux possibles et impossibles distinctions entre le réel et l’irréel. De fait, la définition du corps montrable a été un enjeu essentiel dans la production de normes et la constitution d’un espace de possible transgression. Les limites du corps montrable, décent, aseptisé dessinaient en creux d’autres espaces, illicites, obscènes, où s’éprouvaient d’autres manières de filmer les corps et leurs interactions. Dire que le corps est comédie, c’est d’emblée signaler que l’une des propriétés du cinéma, depuis ses origines, est de centrer l’attention sur la dimension spécifique de la corporéité dans la vie sociale.
Figures du corps au cinéma
Un numéro de la revue "Culture & Musées" dirigé par Emmanuel Ethis et Jean-Louis Fabiani (n° 7, juin 2006, 205 p., 19€)
publié le jeudi 31 août 2006
Domaine :
Sociologie