La propriété est un des éléments structurants de la vie des hommes et de la manière dont ils font société. Son contenu, ses limites, les responsabilités qui lui sont associées influencent la vie des individus, des entreprises petites ou grandes, des communautés nationales et de la communauté internationale.
Une réflexion sur la propriété apparaît d’autant plus importante que les échanges économiques se développent au point de devenir un élément essentiel des relations sociales, et qu’ils concernent des partenaires séparés par des inégalités fortes et des cultures différentes.
Au-delà de l’évidence de l’acception commune du droit de propriété, son concept reste très largement problématique.
La propriété d’un bien met simultanément en jeu la sphère privée, celle du propriétaire, et la sphère commune, celle de la communauté ou des communautés qui concèdent ce droit.
Le double aspect personnel et social de la propriété nourrit le rapport ambivalent de la propriété à la liberté : Selon les situations, la propriété peut soutenir la liberté en la rendant effective, mais aussi s’y opposer.
Selon la forme qui lui est donnée, le droit de propriété peut aussi contribuer à susciter l’initiative et la prise de risque, ou au contraire l’inhiber.
Le caractère social de la propriété fonde les responsabilités qui lui sont associées. Ces responsabilités peuvent se référer à des niveaux de communauté divers, depuis la communauté locale jusqu’à la communauté internationale, au point d’abolir la notion de propriété pour certains "biens collectifs". Cette responsabilité s’étend aussi aux communautés futures que formeront les générations à venir.
Le fondement de la propriété privée n’est ni totalement naturel, ni totalement universel, ni totalement conventionnel. En témoignent les justifications diverses qui en ont été données à travers l’histoire et les cultures, et les diverses manières dont le droit de propriété a été appréhendé, critiqué, ou justifié aux plans économique, philosophique ou religieux.
Enfin, il apparaît un mouvement tendant à modifier la manière dont on recourt à la propriété, et à dissocier la propriété des pouvoirs qui lui sont traditionnellement associés : la location permet de gagner en flexibilité, tout en gardant l’usage des biens concernés ; les pouvoirs liés à la propriété sont parfois pondérés par des pouvoirs ou capacités d’influences d’acteurs qui ne sont pas directement liés à la propriété (acteurs économiques ou politiques, pouvoirs de l’opinion publique,...). Il y a peut-être là une évolution vers ce qu’on pourrait appeler une « propriété virtuelle » qui pourrait altérer le rôle de la propriété au sens classique.
Le concept de propriété peut ainsi faire l’objet de questionnements dans diverses disciplines : économie, management, sociologie, anthropologie, droit, histoire, ethnologie, éthique, théologie... La réflexion peut se situer à différent niveaux, en portant sur les fondements, sur les institutions qui supportent la propriété, ou sur certains aspects plus particuliers, comme ceux de la propriété des moyens de production, la propriété des « ressources naturelles », ou la propriété intellectuelle et artistique.
A l’intérieur du thème "formes de la propriété et responsabilités sociales", objet de cet appel à propositions, de multiples problématiques et approches peuvent être proposées. On privilégiera cependant les approches pluridisciplinaires afin de mettre en évidence les interactions existant entre les ordres économique, social, environnemental, politique aux plans national et international, en les situant dans la perspective d’un développement humain concernant tout l’homme et tous les hommes. On attend en outre que la réflexion rejoigne les problématiques actuelles, en s’ouvrant à l’explicitation des conséquences humaines, sociales et économiques des différentes formes possibles de la propriété.
Les soumissionnaires sont invités à proposer un programme de recherche de deux ans, incluant l’animation d’un séminaire de recherche et la préparation d’un colloque.