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Je pourrais être votre grand-mère

Un film réalisé par Bernard Tanguy (Rézina productions, 2010)

publié le vendredi 11 mars 2011

Sujets : Pauvreté, précarité

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Par Patrick Cotelette [1]

Moyen métrage de 19 minutes réalisé en 2010, Je pourrais être votre grand-mère fait partie de ces petits films militants alliant qualité esthétique et clarté du message.

Le pitch se réduit en quelques phrases. « Un jeune avocat d’affaires réalise qu’une vieille femme d’origine roumaine qui mendie en bas de chez lui ressemble à sa grand-mère. Une nuit, il lui fabrique une pancarte en carton ‘‘Je pourrais être votre grand-mère’’. Les passants se montrent soudain très généreux. D’autres SDF lui réclament une pancarte. L’avocat est rapidement dépassé par la demande ». Le propos militant se réduit également en quelques phrases : comme le disent les deux scénaristes dans le making-off, il s’agit « d’ouvrir le regard des gens », « transmettre l’humanisme » et faire du film « un relais des pancartes » en montrant que les SDF sont « des êtres humains comme les autres ».

Inspirée de l’histoire vraie du scénariste Joël Catherin et de sa rencontre avec la SDF roumaine Ioana Geonea (jouant son propre rôle dans le film), le moyen métrage décrit en quelques scènes l’évolution du regard d’un personnage d’avocat d’affaires (joué par Jean-Toussaint Bernard) sur le monde des SDF et sur leur « humanité ». Les scènes concernant le personnage central sont sociologiquement bien senties, surtout dans les différents moments d’hésitation d’un cadre supérieur à aider « ces gens-là » et la résilience des stéréotypes (en témoigne la courte scène dans laquelle le personnage central – malgré toute l’aide qu’il a déjà fourni jusqu’alors – insulte deux SDF venant lui demander de l’aide en leur disant : « mais arrêtez de m’ennuyer, vous ne pouvez pas trouver du boulot comme tout le monde »). On retiendra aussi du making-off les différentes séquences dans lesquelles les SDF roumains sont invités (enfin) à parler (avec sous-titrage) des raisons de leur venue en France et des conditions matérielles de leur mendicité.

Par contre – mais sans surprise quand on garde à l’esprit que le moyen métrage est forcément de courte durée et tient un propos militant et non documentaire – le monde des SDF est dressé de façon assez caricaturale, les avocats d’affaires et les patrons d’entreprises y sont dépeints sans nuances comme de cyniques délocalisateurs (comme le montre le twist final), les propriétaires bourgeois ne pensent « nécessairement » qu’à leur confort matériel et les policiers sont « forcément » des idiots xénophobes et appliquant mal les textes de lois. Ce manque de recul sociologique se ressent d’ailleurs dans les propos du réalisateur Bernard Tanguy lui-même qui, en parlant du tournage, invoque les menaces de – je cite – la « mafia roumaine » désirant ne pas voir des SDF roumains dans un film « sans doute parce que cela gênait leur propre trafic ».

Je pourrais être votre grand-mère est donc un court-métrage militant qui a son intérêt, tant volontairement qu’involontairement.
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NOTES

[1Professeur de sciences économiques et sociales.

Note de la rédaction

Bernard Tanguy, réalisateur du film a souhaité ajouter quelques commentaires à la publication de ce compte rendu

Merci pour votre article intéressant. En tant que co-scénariste et réalisateur du film, j’apporte les précisions suivantes :

Notre objectif n’était pas uniquement "militant", on voulait aussi réaliser un film divertissant. Il y a peut-être quelques raccourcis psychologiques chez certains personnages, mais il faut davantage en rechercher la cause dans les codes inhérents à la comédie que dans la tentation de caricaturer pour mieux faire passer un message. (Et aussi, comme vous le signalez, on dispose de peu de temps dans un court-métrage : on dit plutôt court-métrage pour des durées inférieures à 30 minutes, on parle de moyen-métrage entre 30 et 60 minutes).

En ce qui concerne le making of : lors de l’interview, j’étais encore extrêmement fatigué et traumatisé par les conditions stressantes du tournage (bagarres, menaces physiques, etc...). Je n’avais pas les idées claires sur ce qui s’était passé. Même aujourd’hui, avec le recul, les raisons du comportement agressif des autres SDF restent encore obscures. On a évoqué plusieurs hypothèses mais la seule chose que l’on puisse affirmer, c’est qu’on a perturbé un équilibre en faisant tourner de vrais SDF dans notre film et que ceux-ci ont subi des pressions et menaces qui n’avaient rien de théorique. Au point de devoir au final les rapatrier en Roumanie pour leur propre sécurité...

Cordialement et au plaisir de vous lire à nouveau,

Bernard Tanguy

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