Si l’amour nous était conté ! Faudrait-il alors prendre au sérieux les histoires d’amour ou les considérer simplement comme des illusions, plus révélatrices de mythes que de réalités, dont le sociologue n’aurait rien à dire ?
Le pari de cet ouvrage est d’interroger la subjectivité investie dans des histoires d’amour recueillies auprès de plus d’une centaine de femmes et d’hommes d’âges divers et d’origines sociales contrastées afin d’éclairer les modèles normatifs insérés dans les définitions de l’amoureuse et de l’amoureux et dans la constitution du nous amoureux. Les récits révèlent l’ancrage social des mondes sentimentaux contemporains, et les traces des rapports sociaux dans lesquels ce sentiment et la relation sociale qu’il instaure s’inscrivent. Confiance, réciprocité, reconnaissance, responsabilité forment le socle pratique et moral à l’aune duquel vont se juger la compétence à aimer et le mérite d’être aimé. Les histoires d’amour convoquent les temporalités sociales aussi bien dans les rapports aux souvenirs que la mémoire de l’amour mobilise que dans les formes instituées éphémères ou durables que ce sentiment peut prendre.
L’auteur : Michèle Pagès est Maître de Conférences de Sociologie à l’Université de Provence, ses recherches portent sur la corporéité et la conjugalité dans le cadre du Laboratoire Méditerranéen de Sociologie.