Volume I : Pour une sociologie historique de la quantification
La quantification est devenue un signe d’objectivité, de rigueur et d’impartialité mobilisée dans des situations très variées, depuis le débat politique jusqu’à la démonstration scientifique, en passant par les indicateurs d’entreprise ou la mesure de l’opinion publique. Or, la quantification, sous ses différents formats statistiques, ne se contente pas de fournir un reflet du monde, elle crée une nouvelle façon de le penser, de le représenter, de l’exprimer et d’agir sur lui, à la fois par la puissance de ses modèles et de ses procédures, par leur diffusion et par leurs usages argumentatifs. Ce livre montre comment s’est historiquement construit « l’argument statistique », et quels sont aujourd’hui les effets cognitifs et sociaux des dispositifs de quantification. Il ne s’adresse pas uniquement aux sociologues, aux historiens de sciences et aux statisticiens soucieux d’une réflexion sur leurs pratiques et leur histoire, mais aussi à tous les citoyens confrontés aux appareils statistiques et mesurés par eux.
Volume II : Gouverner par les nombres
Le gouvernement des hommes use et abuse de "l’argument statistique".
Avec l’émergence d’un Etat néo-libéral, l’action publique s’appuie de plus en plus sur des indicateurs chiffrés qui fournissent des évaluations de la performance des différentes actions politiques. Des "palmarès" variés connaissent une grande diffusion (souvent sous l’appellation anglo-américaine de benchmarking), en hiérarchisant les lycées, les Universités, et même les nations. Ce passage par la quantification, loin de fournir une image neutralisée des phénomènes, les transforme et les performe.
Ce livre propose des études de cas précis, enquêtes sur le budget des familles, commissions du plan, statistiques locales ou comptabilité nationale, analysant la production des statistiques publiques et leur usages par les autorités publiques. Et l’on verra comment la statistique s’est imposée à la fois comme un outil de preuve, dans les sciences empiriques, et comme un outil de gouvernement, selon l’intuition que Foucault avait déjà présentée dès les années 1970 sous le nom de "gouvernementalité".