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L’enseignement supérieur entre nouvelle gestion publique et crise systémique

Un numéro de la revue "Economies et sociétés" (N° 4, avril 2010, HS, n° 43)

publié le jeudi 14 octobre 2010

Domaine : Economie , Sociologie

Sujets : Education

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Par Agathe Roy [1]

A l’heure où l’enseignement supérieur et la recherche font l’objet de l’attention soutenue des pouvoirs publics et des médias, devenus priorité nationale pour de nombreux Etats, ce recueil d’articles scientifiques vise à introduire certaines grandes transformations de l’enseignement supérieur de ces dernières années, dans un souci de comparaison et d’exemplification internationales. L’enseignement supérieur est aujourd’hui confronté à de nouveaux défis, tels la nécessité de répondre aux besoins de la demande sur le marché du travail ou celle d’une meilleure adaptation aux réalités d’un monde en profonde mutation face aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Nombre de pays ont ainsi engagé des réformes importantes, dont les différents articles montrent la diversité des impacts, en fonction des histoires nationales et des contextes d’élaboration et d’application.

La prise de conscience de l’internationalisation accrue des savoirs et des « capitaux humains » et de ses multiples retombées économiques dans le champ de la compétition mondiale a conduit l’Union européenne à s’engager dans la voie d’une coopération, avec le processus de Bologne d’abord, puis la stratégie de Lisbonne de 2000 dans un second temps, qui fixe « un nouvel objectif stratégique pour la décennie à venir : devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde », dans laquelle l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation occupent une position de choix, bénéficiant ainsi de dotations importantes. Il s’agit alors de recourir au procédé managérial de « collaboration compétitive », en lien avec l’influence de la Nouvelle gestion publique, sous la pression d’organisations internationales diverses.

Les principes de la NGP apparaissent aujourd’hui incontournables dans l’appréhension des enjeux et des défis posés par des exigences de compétitivité et d’attractivité accrues. Les outils traditionnellement utilisés par le secteur privé sont ainsi adoptés de manière croissante par le secteur public, conduisant ainsi à un « Etat-entrepreneur », à des chefs d’établissement devenus de véritables chefs d’entreprise (chargés du recrutement des enseignants dans un nombre grandissant de pays par exemple), à des universités plus autonomes, à une hybridation entre secteur public et secteur privé améliorée au moyen de partenariats entre entreprises et universités. Le benchmarking et les classements constituent alors de puissants leviers d’évaluation et de comparativité entre les différentes stratégies nationales.

Les auteurs des articles s’attachent à exemplifier ces choix de politiques publiques. Cette révolution managériale dans le domaine éducatif ne s’applique pas de la même façon et n’a pas les mêmes conséquences suivant les contextes de gouvernance. A. Scott montre ainsi dans son article que si cette conception bureaucratique a eu d’importantes répercussions sur le changement des agents en Angleterre, elle a provoqué en Autriche des « effets inverses » et des « effets d’illusion » (C. Hood, 1998) par une résistance plus forte aux transformations.

Il apparaît cependant en 2010 que l’Europe n’est pas devenue l’économie de la connaissance performante telle qu’elle avait été envisagée en 2000. Une plus grande attention portée au programme international de suivi des acquis des élèves aurait pu illustrer de manière percutante l’exigence de positionnement au sein de la compétition mondiale, qui passe par l’innovation principalement. La Nouvelle gestion publique et l’internationalisation du « marché » de l’enseignement supérieur conduisent à de nouveaux risques ; ainsi, C. Newfield montre dans son article le danger lié à la montée du mode de financement privé pour les universités américaines, entrainant un clivage de plus en plus sévère entre les établissements et des difficultés pour les étudiants et leur famille.
C. Sigman envisage de son côté les risques de la montée de « l’Etat-entrepreneur de l’enseignement supérieur » et de « l’hybridation public-privé » en Russie, avec un contrôle encore plus étroit de la part des autorités étatiques sur les universités par leur apport de fonds budgétaires conséquent et une stricte sélection d’une minorité de trusts, grandes universités « de recherche ». Se pose toutefois la question de la durabilité de cette soumission des universités au regard de l’Etat, dans un contexte d’internationalisation exacerbée. De même, la politique de pôles de compétitivité dans certains pays peut laisser envisager un creusement des inégalités et du fossé entre les établissements et l’enclavement de certaines régions.
En outre, la crise économique et financière de ces dernières années a conduit à la révision des engagements de réforme, par des moyens budgétaires revisités à la baisse par exemple ; au Royaume-Uni, l’accueil d’étudiants étrangers sommés de payer des frais de scolarité élevés dans les universités, s’il permet d’assurer un certain confort financier en comparaison de la politique française de frais de scolarité égaux pour tous et peu élevés, laisse courir le risque d’une forte dépendance aux vagues de mobilité des étudiants, elles-mêmes reliées à la conjoncture économique mondiale.

Ainsi, ce numéro de la revue Economie et sociétés dégage de manière claire et pertinente les problématiques importantes de l’enseignement supérieur d’aujourd’hui, mettant en évidence des modes de gouvernance différenciés aux conséquences diverses, en lien avec l’actualité récente des réformes.

NOTES

[1Elève de l’Ecole normale supérieure de Lyon, agrégée de sciences économiques et sociales

Note de la rédaction

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