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L’espace culturel transnational

Sous la direction d’Anna Boschetti (Nouveau Monde Editions, coll."Culture/Médias", 2010)

publié le vendredi 28 mai 2010

Domaine : Sociologie

Sujets : Culture , Littérature

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Par Laurence Doremus [1]

« À la différence d’une conception étroite du champ littéraire (...), il s’agit de montrer que le texte littéraire ne s’inscrit plus aujourd’hui dans un contexte purement national et que nos outils théoriques doivent désormais s’adapter à cette diversité culturelle » (Moura, 2002 : 244).

L’ouvrage que nous allons tenter de présenter, correspond à notre sens à cette citation, dans la mesure où une pluralité des moyens méthodologiques et théoriques d’analyse de l’œuvre littéraire est proposée.

L’introduction pose un contexte théorique fiable et repositionne les différentes contributions au colloque initial, dans les champs scientifiques anglo-saxons [2] et européens. Ce contexte constitue une cohérence adéquate au thème de transnationalité, en dépit du fait que celui-ci aurait sans doute besoin d’être précisé de même que la notion de « frontière ». Cette même introduction fait preuve d’honnêteté vis-à-vis du caractère un peu éparse et non exhaustif de cet aperçu des travaux contemporains de littérature comparée.

On peut souligner à la première lecture des contributions quatre principaux registres, faisant preuve de méthodologies variées et parfois croisées. Tout d’abord le registre politique avec par exemple l’engagement de Paul Bourget en Argentine (p. 308), l’engagement étant une thématique récurrente. Puis le registre historique, tant dans la méthode employée, [3] que dans la perspective d’effort d’illustrations grâce au recours au passé, usitée par les auteurs. La temporalité s’étendant du XVIe (cf. la contribution d’Olivier Christin), au XXe siècle (la contribution de Gisèle Sapiro). Suit le registre humain, visible par une récurrence assez présente du phénomène de migration, notamment d’écrivains, par exemple Primo Lévi p. 497. Et celui du travail littéraire, essentiellement notable par la traduction, qui est un exercice incontournable (ex. p.491). Mais nous pouvons aussi faire le constat de deux axes correspondant à des récurrences dans l’ouvrage que sont les notions complémentaires de « centre », face à la « périphérie » [4] et de « nationalisme » devant l’ « internationalisme ».

Le caractère transnational de la production littéraire est notamment matérialisé ici par l’analyse du passage, de la part d’un écrivain, entre différentes échelles d’intervention de la production d’une œuvre [5].
L’ouvrage respecte les rouages stratégiques à adopter dans une démarche comparative, notamment une prise en compte de l’Histoire et des enjeux politiques et sociaux, et propose parfois des analyses plus proches de l’épistémologie (cf. la contribution de Louis Pinto). Cependant l’ouvrage peut mériter toutefois quelques clarifications.
En dépit de la présence d’une analyse des liaisons artistiques et littéraires de part et d’autre de l’Atlantique, (Laurent Jeanpierre traite d’ « intensification littéraire transatlantique », et de l’exposition « Paris-New-York en 1977), une lacune de distance critique peut être notée, à propos des divergences de lecture dans les comparaisons franco-américaines, comme a pu le faire Micéala Symington, dans une analyse du symbole, lu par le prisme des cultural studies aux États-Unis d’une part, et des « sciences humaines » de manière plus générale en Europe d’autre part.

La sociologie de la littérature est davantage connue par la méthode biographique (Lahire concernant Kafka) et/ou analytique sur la production d’une œuvre particulière (Bourdieu [6] au sujet de Flaubert dans Les règles de l’art), que par une lecture transversale et thématique de multiples champs culturels. Cet ouvrage apporte, du moins pour les apprentis sociologues, par une méthode « transdisciplinaire » et transversale, un regard neuf sur la littérature comparée. En effet, des méthodes d’insertion dans les détails narratifs de la prose d’un auteur sont proposées (exemple de la contribution de Wilfert-Portal), afin de retracer les contextes de productions d’une œuvre (dans cet exemple celle de Paul Bourget p. 165-194).

Sources

  • Boschetti Anna (dir.), 2010, L’espace culturel transnational, Nouveau Monde éditions, Paris.
  • Lallement Michel, Spurk Jan, 2003, Stratégies de la comparaison internationale, CNRS, Paris.
  • Mattelard Armand, Neveu Erik, 2003, Introduction aux cultural studies, Repères (Maspero).
  • Moura Jean-Marc, 2002 « Dimensions culturelles de la littérature », in Revue de littérature comparée, vol. 2, n° 302.
  • Pinto Eveline (dir.), 2002, Penser l’art et la culture avec les sciences sociales, éd. de la Sorbonne, Paris.
  • Symington Micéala, 2004, « L’unique et le multiple : le symbole entre esthétique et métaphysique », in Revue de littérature comparée, vol. 4, n° 302, p. 410

NOTES

[1Master 2 Sciences Sociales du Politique, IEP de Strasbourg

[2La littérature comparée fait partie des cultural studies (courant dans lequel l’ouvrage se revendique) depuis le projet énoncé par Hoggart en 1964, et dans le sens ou ce sont les outils de la critique littéraire qui alors sont envisagées à être utilisées pour analyser la « culture de masse » (Matteland, Neveu, 2003 : 29)

[3« La démarche comparative ne peut ignorer le poids de l’Histoire » (Lallement, Spivak, 2003 :15) ; « [nous proposons] un recours (...) à l’historicisation » (Boshetti, 2010 :13).

[4Renvoie à Appadurai (Après le colonialisme, les conséquences culturelles de la globalisation) et les post-colonial studies, autre courant dans lequel l’ouvrage s’insère.

[5« Être un grand auteur notamment, en 1900, dans le cas de Paul Bourget, consiste à produire du local et à fonder du national en mobilisant des ressources internationales (p. 165-194) ».

[6A ce propos, Eveline Pinto note que le sociologue [d’une manière générale] ne peut « se dispenser de regarder » les propres opérations du roman « en regardant l’œuvre littéraire comme l’œuvre en train de se faire » (Pinto, 2002 : 34).

Note de la rédaction

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