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La juridicisation du politique

Sous la direction de Jacques Commaille, Laurence Dumoulin , Cécile Robert (LGDJ, coll. "Droit et Société", 2010)

publié le jeudi 25 mars 2010

Domaine : Droit

Sujets : Politique

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Par Kheira Benramdane [1]

« La juridicisation du politique » est un ouvrage collectif édité pour la première fois en 2000 et réédité cette année. Il aborde la question, assez vaste, de la place du droit dans la société.
Ce livre, que j’ai trouvé passionnant, nous propose diverses réflexions et pose autant de questions... ce qui lui vaut un bon point ! Il ne s’agit absolument pas d’un prêt-à-penser mais d’une ouverture ou plutôt d’une invitation à s’interroger sur des idées et surtout sur nos a priori.

Un « fait » : nous vivons, depuis quelques décennies, dans une société de plus en plus régie par le droit. Il ne s’agit pas d’affirmer que le droit n’avait pas d’importance avant mais que sa place s’est transformée et élargie. Les échanges sociaux ont été, en effet, considérablement modifiés par les règles de droit mais aussi par l’utilisation de ce dernier. Un exemple parmi d’autres : la menace du procès a bouleversé les comportements des différents acteurs.

Tout d’abord, cet ouvrage livre une bataille contre le cloisonnement des disciplines au sein des sciences sociales (mais cela est valable pour les autres). Ce n’est évidemment pas un appel à supprimer les frontières mais juste à regarder derrière et pourquoi pas, à s’aventurer dans l’Au-delà !

Les différentes contributions mettent en exergue les difficultés rencontrées par les chercheurs ou praticiens pour travailler avec leurs collègues issus d’autres disciplines. Ces problèmes sont essentiellement dus au regard que chacun porte sur son travail (ou sa mission)et celui des autres.

Ensuite, ce livre s’attache plus particulièrement à « décortiquer » les relations entres juristes et politistes (même si les sociologues, historiens... ne sont pas oubliés). Il dépeint la manière dont ceux-ci semblent s’ignorer mutuellement depuis que la science-politique a quitté le nid (ou le foyer !).
En effet, les auteurs mettent en évidence la façon dont les politistes ont (trop) rapidement considéré que le droit n’avait qu’une incidence dérisoire sur le « domaine politique ».
Certes, il existe manifestement, depuis environ une dizaine d’années, une évolution que l’on doit notamment au développement de l’analyse des politiques publiques. Mais les politistes paraissent limiter la dimension juridique à la question de l’intervention de l’Etat.
Ce livre traite celle-ci de façon à mettre en lumière sa dimension (trans)pluridisciplinaire. Ce domaine nous montre à quel point le droit et la science-politique sont imbriqués. Or, pour affirmer leur indépendance par rapport à leurs ancêtres les juristes (!), beaucoup de politistes nieraient ce lien. Cela ne fait que restreindre leurs analyses car le droit façonne la société et inversement.
La question du traitement du droit et de la science-politique par les juristes est aussi longuement discutée. Ceux-ci resteraient, dans leur grande majorité, attachés à une vision assez restrictive du droit et surtout le considéreraient comme une entité immuable se situant au-dessus de l’Histoire. Mais la règle et/ou la norme juridiques demeurent une construction sociale.
Sur ce point, je me permets de souligner que les remarques sur le comportement des politistes et surtout des juristes sont parfois caricaturales. Il ne me semble pas, mais je peux me tromper, qu’ils se soient créés un tel enfermement. En revanche, les auteurs semblent plus nuancés lorsqu’ils parlent des jeunes chercheurs... L’avenir nous annonce-t-il plus d’ouverture ?

Par ailleurs, j’ai également apprécié le fait qu’ils examinent la question de la place du droit dans sa dimension européenne et internationale mais hélas, peut-être pour des raisons de forme, le développement est trop bref. Or, le droit n’étant plus, depuis longtemps, un droit uniquement français, il aurait été intéressant d’approfondir l’étude de l’influence des acteurs supranationaux (ou agissant à l’échelle mondiale) sur le contenu des règles, leur construction...

Enfin, il est vrai qu’en lisant cet ouvrage, j’ai parfois eu l’impression de suivre les tribulations d’un couple, des « je t’aime, moi non plus » qui n’en finissent pas.
Alors, juristes et politistes (ainsi que sociologues, historiens, économistes etc) du monde entier, embrassez-vous ! Mais ne taisez pas trop vos querelles car ce sont certainement elles qui font avancer la pensée...

NOTES

[1Enseignante à l’école des Hautes Etudes de Journalisme de Lyon et étudiante à l’Institut d’Etudes Judiciaires de Saint-Etienne

Note de la rédaction

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