Accueil |  Présentation  | Qui sommes-nous ?  | Charte éditoriale  | Nous contacter  | Partenaires  | Amis  | Plan du site  | Proposer un contenu

Suivre Liens socio

Mail Twitter RSS

Votre Liens socio

Liens Socio ?
C'est le portail d'information des sciences sociales francophones... Abonnez-vous !


La montée du déclassement

Un dossier de la revue "Problèmes politiques et sociaux" (La documentation française, n° 976 septembre 2010)

publié le mardi 21 décembre 2010

Domaine : Sociologie

      {mini}

Par Elodie Wahl [1]

Le numéro de septembre 2010 de Problèmes politiques et sociaux (La documentation Française) est consacré à la « montée du déclassement ». Ce numéro est composé d’une trentaine de courts extraits de textes publiés au cours de la dernière décennie. Il est organisé de manière pertinente en trois parties : la première considère le déclassement sous un angle intergénérationnel (depuis les Trente Glorieuses, quelles sont les perspectives d’ascension sociale pour les nouvelles générations ?), la deuxième traite de l’instabilité du niveau de vie (à laquelle sont de plus en plus sujets les individus aujourd’hui au cours d’une vie), la dernière partie entend le déclassement comme phénomène de sous-utilisation des qualifications.

Si c’est une mobilité sociale « descendante » qui est mise en évidence dans la première partie, celle-ci n’est pas seulement évoquée à l’échelle nationale : d’autres cas européens sont convoqués, celui de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal. Dans une interview pour Alternatives Economiques, Louis Chauvel montre que les conditions d’insertion sociale de la jeunesse sont aussi dépendantes du type de régime d’Etat-Providence développé dans les pays.

La deuxième partie du numéro fait état, de manière nuancée, des risques de perte de niveau de vie auxquels sont sujets les individus au cours d’une vie. Régis Bigot dans un numéro de Consommation et modes de vie affirme que « le pouvoir d’achat des classes moyennes n’a cessé d’augmenter au cours des trente dernières années », de plus, montre-t-il, ces mêmes classes moyennes sont plus nombreuses aujourd’hui en France qu’au début des années quatre-vingt. Cependant, il ajoute que ce sont les dépenses contraintes qui viennent grever leurs budgets (logement, énergie, télécommunications...), leur imposant de sérieuses restrictions. Une publication du Centre d’analyse du déclassement (CAS) insiste sur le fait que « les Français déclarent un seuil subjectif de richesse relativement élevé par rapport aux revenus moyen et médian ». On comprend dès lors qu’un sentiment de paupérisation par rapport à une situation antérieure (réelle ou imaginaire) puisse être présent sans qu’on observe pour autant une réelle paupérisation. Néanmoins certaines populations sont réellement sujettes à une chute de leur niveau de vie suite des « accidents de la vie » (perte d’emploi, divorce...). Ce déclassement tend à engendrer des situations de surendettement dont les mécanismes de production bien mis en évidence dans une autre publication du CAS. Ce déclassement se traduit aussi par l’absence d’une possibilité de se loger sans recourir à des aides diverses. Réalité ou ressenti du déclassement au cours d’une vie ont des conséquences politiques : trois textes abordent la question du développement d’un ressentiment social à l’encontre de ceux qui sont supposés avoir pris ce qui manque désormais, et qui sont souvent en l’occurrence les moins privilégiés.

La question du déclassement des diplômés, enfin, interroge la mise en œuvre de la politique de « démocratisation scolaire ». Si tous les auteurs s’accordent sur le fait qu’il faut aujourd’hui « en faire plus pour avoir moins », ou que le rapport entre la formation et l’emploi occupé n’est souvent que de faible importance, ils montrent aussi que, loin de ne « plus rien valoir », les diplômes sont au contraire une condition sine qua non d’accès à l’emploi, alors même que, comme le montre Marie Duru-Bella « l’investissement que constitue une année d’étude supplémentaire » apporte un avantage salarial qui décroît régulièrement depuis 1970. La démocratisation de la scolarisation est enfin mise en cause par l’observation des chances d’accès aux études ou formations les plus rentables économiquement selon l’origine sociale.

Bien plus complet que ne peut le laisser apercevoir un court compte-rendu, le numéro est remarquablement composé par Camille Peugny (Paris-8/ CRESPPA/CSU). Les thèses les plus connues de Louis Chauvel, Robert Castel, Marie Duru-Bella, C. Baudelot et R. Establet ou Eric Maurin, sont étayées, nuancées, ou complétées par d’autres études de grand intérêt qui permettent de cerner le sujet non seulement dans sa globalité mais aussi dans sa complexité. Les formats très courts des extraits permettent la variété des thèmes et rendent la lecture peu contraignante.

NOTES

[1Plp lettres histoire, Docteure en sociologie

Note de la rédaction

À lire aussi dans la rubrique "Lectures"

Une réponse de José Luis Moreno Pestaña au compte rendu de Pierre-Alexis Tchernoivanoff
Un ouvrage de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot (Payot & Rivages, Coll " Essais Payot", 2009)
Une réédition de l’ouvrage de Katharine Macdonogh (Payot & Rivages, Coll "Petite Bibliothèque Payot", 2011)

Partenaires

Mentions légales

© Liens Socio 2001-2011 - Mentions légales - Réalisé avec Spip.

Accueil |  Présentation  | Qui sommes-nous ?  | Charte éditoriale  | Nous contacter  | Partenaires  | Amis  | Plan du site  | Proposer un contenu