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La patrie crie vengeance ! La répression des "inciviques" belges au sortir de la guerre 1914-1918

Un ouvrage sous la direction de Xavier Rousseaux et de Laurence Van Ypersele (Editions Le Cri, coll. "Histoire", 2010 )

publié le jeudi 8 avril 2010

Domaine : Histoire

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Par Patrick Cotelette [1]

Avec La patrie crie vengeance !, Xavier Rousseaux et Laurence Van Ypersele nous font entrer - avec la collaboration d’autres chercheurs ainsi que de nombreux étudiants belges en histoire contemporaine - dans une page largement oubliée de la Première Guerre Mondiale : la répression après-guerre des comportements jugés « inciviques ». Il en est effet fréquent que l’on associe cette répression à la fin de la seule Seconde Guerre Mondiale, lorsque l’Europe sort du joug nazi et panse ses blessures de guerre en stigmatisant et en violentant une partie de la Patrie, jugée coupable de « trahison », de « complaisance envers l’ennemi ». Le premier mérite de l’ouvrage est ainsi de revenir sur une page sombre de l’histoire des fins de guerre, sous un angle différent de celui de la lutte contre le nazisme. Il ne faut pas en effet pas oublier que la Belgique, tout au long de la Première Guerre Mondiale, est un territoire occupé par l’Armée allemande. A ce titre, quasi exceptionnel dans cette guerre, la Belgique a expérimenté avant l’heure les joies et les déchirements liés à une fin d’occupation.

Les auteurs ont alors pour objectif de proposer un livre somme, rassemblant une grande diversité d’approches (études statistiques, études des représentations journalistiques, des représentations judiciaires, etc.), pour étudier des événements désormais peu connus. Quatre grandes parties découpent l’ouvrage, tout en conservant une cohérence très forte d’article en article : la première partie rappelle le contexte militaire, économique, social et politique au sortir de la Première Guerre Mondiale, tout en précisant les diverses sources mobilisées tout au long de l’ouvrage ; la deuxième partie dresse le tableau global des pratiques judiciaires et des condamnés et condamnations pour acte d’incivisme ; la troisième partie, plutôt orientée sur l’histoire sociale, interroge les représentations associées aux actes d’incivisme dans la presse belge ; tandis que la quatrième partie détaille différents cas « exemplaires » de la répression des actes « inciviques ». Les annexes proposent l’ensemble des données chiffrées construites par les auteurs et sont composées d’un index détaillé des différents journaux de l’époque ainsi que des grands noms de l’histoire belge de l’époque. On regrettera à ce titre qu’il n’y ait pas de rapide résumé, pour les néophytes, de la diversité des partis politiques belges avant et après la Grande Guerre ainsi que des particularités des différents mouvements « activistes » wallons et flamands (pourtant très fortement présents dans l’imaginaire de la répression).

Très technique, très précis, le livre peut passionner l’historien contemporain désireux d’avoir de très amples informations sur la reconstruction du système judiciaire belge au sortir de la Grande Guerre, sur le profil sociologique des « inciviques », sur le développement de la presse belge et sa diversité, sur l’imaginaire populaire et les biais de mémoire, ainsi que sur les « grandes affaires » qui ont secoué la Belgique à la fin de la Première Guerre Mondiale. Un sociologue trouvera également son compte avec des développements pertinents sur les représentations de l’ennemi extérieur et intérieur dans une nation en reconstruction, sur les différents usages sociaux de la rumeur, sur les différents de processus de stigmatisation des « inciviques », sur les processus de politisation d’une cause. On regrettera cependant qu’il faille, à l’historien comme au sociologue, piocher les informations au fil des articles. Malgré cette petite critique, le plan de l’ouvrage et les titres des articles guident sans problème le lecteur qui désirerait s’intéresser uniquement à quelques aspects de la répression judiciaire belge des comportements « inciviques ».

On ne saurait donc conseiller cet ouvrage au grand public, mais historiens et sociologues peuvent y trouver des informations et des développements pertinents pour leurs recherches.

NOTES

[1Professeur de sciences économiques et sociales

Note de la rédaction

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