Craintes sur l’avenir des retraites par répartition, explosion de la dette publique, hausse du chômage des jeunes... Les peurs d’un accroissement des inégalités entre générations n’ont jamais été aussi vives. Elles alimentent la thématique d’un conflit opposant la génération dorée des baby boomers d’un côté aux jeunes précaires de l’autre, dans un côté aux jeunes précaires de l’autre, dans un contexte où émergent de nouveaux risques, comme celui de la dépendance.
Ce numéro de Regards croisés sur l’économie se propose d’abord d’éclairer de façon statistique, objective et précise cette inquiétude. Observe-t-on une divergence des niveaux de vie ? Y a-t-il des générations sacrifiées ? Faut-il abandonner la croyance en un progrès perpétuel des conditions matérielles ?
Il cherche surtout à donner sens aux évolutions constatées. L’action de l’État détermine largement la réalité comme le sentiment du déclassement intergénérationnel. Dans quelle mesure l’État-providence contribue-t-il à redistribuer les cartes entre les générations ? Comment les politiques publiques pourraient-elles mieux assurer l’équité entre celles-ci ?
Pour apporter une réponse étayée, on ne peut pas faire l’économie d’une réflexion sur l’idée même de justice intergénérationnelle, qui rencontre un écho croissant mais ne laisse pas capturer aisément. À l’heure où la question des retraites revient au cœur du débat public, c’est le fonctionnement de l’État-providence lui-même que ce numéro de Regards croisés sur l’économie cherche à réexaminer à la lueur du prisme générationnel.