Ces trois journées d’études sont organisées conjointement par le Parlement des philosophes, l’équipe d’accueil de philosophie 2326 (UMB) et l’Institut de Recherches Interdisciplinaires sur les Sciences et la Technologie (ULP). Elles ont pour objectif de chercher à comprendre les usages spécifiques que les biotechnologies font ou pourraient faire du vivant. Or, comprendre un usage qui fait naître de nouvelles possibilités ne consiste pas simplement à prendre acte d’un développement technologique rendant possible cet usage, c’est aussi et surtout chercher à décrypter, en amont, quels sont les présupposés théoriques et les représentations idéologiques qui sont en jeu dans l’interprétation et la proposition de cet usage technique, et chercher à évaluer, en aval, quelles sont les implications éthiques, sociétales et existentielles d’un tel usage.
Un des partis pris de ces journées est d’avoir considéré que se trouve définie comme biotechnologie toute technique à visée industrielle ou thérapeutique, directe ou indirecte, qui a recours à un savoir scientifique appliqué à la modification, à l’exploitation et à la maîtrise artificielles de processus physiologiques inhérents aux organismes vivants. Ces savoirs ou techniques englobent notamment la biologie moléculaire, la génomique, la manipulation de l’embryon lors de l’ontogenèse, les diverses techniques d’imagerie exploratoire informatisée (invasives ou non) du corps et du cerveau, les techniques d’hybridation bionique de l’organique et de l’électronique, et même une partie des nanotechnologies.
Il nous a paru intéressant de nous poser les questions suivantes : En quoi les biotechnologies modifient-elles notre rapport au monde, à la nature ou à la société ? Loin de tout obscurantisme technophobe et en admettant que la technique est une seconde nature chez l’être humain, ne nous incombe-t-il pas cependant une responsabilité éthique particulière face aux pouvoirs nouveaux qui nous sont ainsi conférés : l’usage sans les précautions d’usage est aveugle, et tout ce qui est ou sera techniquement réalisable n’est pas forcément souhaitable ni pertinent, comme nous l’enseignent l’antique vertu de prudence ou encore le moderne principe de précaution. Quelles sont par ailleurs les implications des biotechnologies sur la façon que nous avons de concevoir notre identité humaine personnelle et collective ? Finalement, le développement de nouveaux usages du vivant nous force à nous interroger sur la possibilité d’inventer de nouvelles manières d’être sans y perdre notre âme : Comment voulons-nous vivre, être nous-mêmes, être ensemble et être au monde ?
L’entrée est libre dans la limite des places disponible.
Contacts :
ledrefgaelle@hotmail.fr
tdroulez@hotmail.com
catherine.allamelraffin@gersulp.u-strasbg.fr
Programme
Jeudi 9 Octobre 2008
« L’identité du vivant manipulé : individu, personne, société, nature. »
8h30 - 9h00 : Ouverture générale du colloque et allocution d’ouverture assurée par M. Alain Beretz (Président de l’Université Louis Pasteur) et M. Bernard Michon (Président de l’Université Marc Bloch).
9h00 - 10h00 : François Steudler (Strasbourg 2, sociologie), « Enjeux et débats autour des biotechnologies : aspects sociologiques. »
10h00 - 11h00 : Catherine Baudoin (INRA et Paris 1, agronomie et philosophie), « Respecter la dignité des plantes ? Cas des plantes transgéniques. »
11h00 - 11h30 : Pause
11h30 - 12h30 : Raphaël Larrère (INRA, agronomie), « Quelle réflexion éthique au sujet du clonage des mammifères ? »
12h30 - 14h00 : repas
14h00 - 15h00 : Catherine Larrère (Paris 1, philosophie), « Les Biotechnologies : la fin du naturel ? »
15h00 - 16h00 : Bernard Andrieu (UHP Nancy Université, épistémologie et philosophie), « L’usage des hybrides : quelle ontologie pour quelle éthique ? »
16h00 - 16h30 : pause
16h30 - 17h30 : Thomas Droulez (Strasbourg 2, philosophie), « Comment rester maître de soi quand "je"semble devenir un autre ? Le développement biologique d’un sujet conscient autonome, et la manipulation de l’individualité somatique et de l’intimité neuropsychologique. »
17h30 - 18h30 : André Pichot (CNRS, épistémologie), « Problèmes éthiques ou problèmes techniques ? » (Sous réserve)
Vendredi 10 Octobre 2008
« Quel choix de société pour quelle humanité ? »
9h00 - 10h00 : Corine Pelluchon (Université de Poitiers, philosophie), « Biotechnologies et démocratie : de la critique de la république procédurale à la redéfinition des valeurs phares d’une communauté politique. »
10h00 - 11h00 : Gaëlle Le Dref (Strasbourg 2, philosophie), « Les biotechnologies : enjeux et dangers d’une éthique évolutionniste post-humaniste. »
11h00 - 11h30 : pause
11h30 - 12h30 : Bernhard H.F. Taureck (Université de Braunschweig, philosophie), « Bioéthique, scepticisme éthique et dignité de l’homme. »
12h30 -14h00 : repas
14h00 - 15h00 : Jacques Testart (INSERM, biologiste et essayiste). « Le nouvel eugénisme : trier l’humanité dans l’œuf. »
15h00 - 16h00 : Israël Nisand (Hôpitaux universitaires de Strasbourg, Strasbourg 1 professeur en médecine, gynécologue). « Malaise dans la procréation : les avatars d’une illusion de maîtrise. »
16h00 - 16h30 : pause
16h30 - 17h30 : Jean Biehler (Strasbourg 1, IRIST, bioéthique). « Temps et éthique, à partir de la pratique des interruptions médicales de grossesse. »
18h15 - 19h30 : Table ronde à la Librairie Kléber : « Embryons sous surveillance » : dialogue entre Jacques Testart, Israël Nisand, Jean Biehler et Nicolas Journet (Documentariste, journaliste, auteur de Génétiquement incorrect).
Samedi 11 Octobre 2008
« Persister dans son être face aux biotechnologies. »
9h00 - 10h00 : Alain Séguy-Duclot (Université de Tours, philosophie), « Biologie, éthique et ontologie. »
10h00 - 11h00 : Daniela Cerqui (Université de Lausanne, anthropologie), « Des technologies qui convergent...vers une définition cybernétique de l’humain. »
11h00 - 11h30 : pause
11h30 - 12h30 : Denis Viennet (Paris 8, philosophie), « Entre pathologies du temps et éthique : réflexions à partir des enjeux technoscientifiques contemporains. »
12h30 - 14h00 : repas
14h00 - 15h00 : Karsten Lehmkühler (Strasbourg 2, théologie), « L’homme doit-il se " soumettre " sa propre nature ? Regard théologique sur les " anthropotechniques ". »
15h00 - 16h00 : Jean-Christophe Weber (Hôpitaux universitaires de Strasbourg, IRIST-Strasbourg 1, médecine interne et éthique médicale), « Des biotechnologies à la pratique clinique : innovations et dommages collatéraux. »
16h00 - 16h30 : pause
16h30 - 17h30 : Anne Danion-Grilliat (Hôpitaux universitaires de Strasbourg, IRIST- Strasbourg 1, professeur en médecine, psychiatre), « La représentation de l’organe greffé : pièce mécanique ou organe vivant ? »
17h30 : clôture des journées d’études.
18h15 - 19h30 : Table ronde à la Librairie
Kléber avec discussion générale sur les différents thèmes abordés durant les trois journées d’études sur les biotechnologies et leurs enjeux.