Le centre Alain Savary de l’INRP a coordonné une étude comparative sur l’équivalent des dispositifs et politiques d’éducation prioritaire (PEP) dans huit pays européens : Angleterre, Belgique, France, Grèce, Portugal, République tchèque, Roumanie, Suède. Cette étude met l’accent sur les évolutions qui ont affecté ces politiques scolaires depuis leurs premières formulations comme « politiques de compensation » à la fin des années 1960.
Celles-ci sont nées dans une période d’optimisme quant à l’avènement d’une société plus égalitaire, et dans le prolongement des réformes politiques assurant la transition d’une école élitiste vers une école de masse unifiée censée garantir l’égalité des chances. Elles sont alors le plus souvent des politiques territorialisées : il s’agit d’accorder des moyens supplémentaires et de mobiliser des ressources, locales, professionnelles, pédagogiques, pour lutter contre les inégalités scolaires dans les territoires urbains où se concentrent les difficultés économiques et sociales. Certaines de ces politiques ont perduré jusqu’à nos jours ; elles ont néanmoins connu d’importantes transformations, mêlant visées compensatoire et de lutte contre l’exclusion, tandis que de nouveaux dispositifs et programmes ont progressivement émergé ailleurs relevant d’une tout autre philosophie.
L’étude EuroPEP décrit ces évolutions mettant en jeu les modalités de désignation des publics bénéficiaires, les formes d’organisation, les actions pédagogiques et finalement les objectifs. Multiplication de dispositifs particuliers, gestion des « groupes à risques », individualisation de l’enseignement, adaptations curriculaires autour des « besoins spécifiques » sont autant d’éléments de ce nouvel âge des « PEP » dont le rapport aux enjeux de démocratisation de l’accès aux savoirs pour tous demeure source de questionnement.
Intervenants :
Daniel Frandji, maître de conférences, Centre Alain Savary de l’INRP
Jean-Yves Rochex, professeur d’université en sciences de l’éducation, université Paris 8 Saint-Denis