La réforme du lycée décidée à la hâte ne fait guère l’unanimité dans les rangs de l’Education nationale. Les sciences économiques et sociales (SES) sont particulièrement menacées par le projet présenté par M.Darcos d’une "nouvelle seconde" qui doit entrer en vigueur dès la rentrée prochaine. Craignant la disparition prochaine de la discipline, l’Association des professeurs de SES (APSES) organise une journée d’action mercredi prochain, le 3 décembre 2008.
Les professeurs de SES de tout le pays sont ainsi appelés à se mettre en grève ce jour-là, et une manifestation est organisée à Paris
Le cortège partira à 13h de la place de la Madeleine (métro Madeleine) pour rallier la place de la République, où, à 15h30, un meeting débutera à la Bourse du travail (3, Rue Château d’eau - 75010 Paris, métro : République) avec une prise de parole des différents soutiens du mouvement.
Collègues de toutes disciplines, du secondaire comme du supérieur, ainsi que les parents d’élèves, étudiants et tous ceux qui considèrent les sciences économiques et sociales indispensables à la formation des lycéens et des citoyens sont appelés à se joindre au mouvement.
Vous pouvez également signer en ligne "l’appel pour les SES" pour marquer votre désaccord avec la réforme du lycée que propose le gouvernement actuel.
Pour ceux qui hésiteraient à prendre part au mouvement, voici l’argumentaire en 10 points rédigé par l’APSES :
"1- Une forte demande sociale
Dans le contexte économique et social actuel, il y a une forte demande sociale pour que tous les lycéens suivent un enseignement de SES. Selon un sondage TNS Sofres révélé lors des Journées de l’Economie à Lyon en novembre 2008, 73 % des Français estiment que l’information économique est peu ou pas du tout accessible et compréhensible, et 85 % sont favorables à une initiation à l’économie dès le secondaire.
2- Le projet de réforme de la seconde marginalisera l’option SES en seconde
Des 43% actuels d’élèves de seconde qui choisissent les SES parmi Latin, LV3, IGC, ou MPI, ISI, combien choisiront notre enseignement lorsqu’il sera en concurrence avec un module d’approfondissement de math, littérature, physique-chimie ou sciences de la vie et de la terre ?
3- La réforme de la seconde prépare un tarissement des orientations en série ES et une fusion entre les actuelles séries ES et STG
A terme, c’est l’orientation vers le futur parcours « Sciences de la Société » qui risque de se tarir, les élèves ne pouvant pas effectuer une orientation raisonnée en fin de seconde sans connaître une des « dominantes » de ce parcours. Par ailleurs, la réforme de la seconde prépare une fusion entre les actuelles séries ES et STG. Dans le cycle 1ère-Terminale, les SES ne seront qu’une dominante parmi quatre au sein du parcours « Sciences de la Société » en compagnie du Droit, des Sciences de Gestion et de l’Histoire-Géographie. Il a même été évoqué de scinder les SES entre des modules de sociologie et d’économie. Ce remodelage fait fi des complémentarités fortes qui existent actuellement dans la série ES entre les SES, les mathématiques, l’histoire-géographie, les langues et la philosophie, complémentarités qui permettent un haut niveau de culture générale propice à la réussite dans les études supérieures qu’elles soient courtes, longues ou des plus sélectives.
4- Inacceptable en termes de conditions pédagogiques d’enseignement
Le projet de réforme de la seconde est inacceptable en termes de conditions pédagogiques d’enseignement : perte de la durée annuelle (- 40% de l’horaire élève) mais aussi et surtout des TD. Que transmet-on à des lycéens de 15 ans en 4 mois de cours à 35 élèves par classe ?
5- Inacceptable en termes de nombre futur de postes et de recrutement
Le projet de réforme de la seconde est inacceptable en termes de nombre futur de postes et de recrutement : - 40% de l’horaire élève en seconde, disparition confirmée des TD, baisse du taux de lycéens choisissant SES en seconde (15% au lieu de 43% actuellement ?) = près de 1000 postes excédentaires ?
6- Réforme précipitée = dégâts collatéraux
La réforme est précipitée et risque de s’appliquer avec de nombreux dégâts collatéraux non prévus pour les futurs lycéens mais aussi pour les personnels et en première ligne les enseignants. Il est inadmissible de prétendre réaliser des programmes de qualité pour la rentrée prochaine en convoquant des groupes d’experts mi-novembre et en leur demandant de confectionner un programme en un mois. Au minimum, Xavier Darcos doit repousser sa réforme en 2010 et organiser une véritable consultation du monde enseignant.
7- Calendrier de la réforme : c’est maintenant ou jamais
Le mois de décembre a été annoncé par le ministère comme le mois de la finalisation : c’est maintenant ou jamais qu’il faut se mobiliser pour accroître un rapport de force permettant des avancées sur les SES, une refonte et un report de la réforme. (Roger Guesnerie est reçu le 28 novembre sur la question de la place des SES en seconde, Xavier Darcos annonce la structure définitive de la seconde la semaine du 8 décembre, le projet serait soumis au Haut Conseil de l’Education le 23 décembre (consultatif).
8- 80% de professeurs de SES grévistes le 20 novembre
La réussite éclatante de la mobilisation du 20 novembre (près de 80% de grévistes parmi les professeurs de SES) est en train de changer la donne. Nous ne pouvons nous permettre un échec le 3 décembre à Paris : l’objectif est de mobiliser 2000 enseignants de SES pour la manifestation (13h) et le meeting qui suivra (15h30-17h). En janvier 2005, contre le projet de réforme de Fillon (qui marginalisait déjà l’option SES en seconde) nous avions été 1000 à Paris et nous avions gagné !
9- Le soutien aux SES n’a jamais été aussi large
Jamais nous n’avons réussi à faire autant l’unanimité sur la nécessité d’une présence forte des SES au lycée, des syndicats d’enseignants (SNES, SGEN, CGT-Education, Sud-Education) et d’étudiants (UNL, FIDL et UNEF) aux représentants de l’enseignement supérieur et de la recherche (AFSE, AFS, AFSP, APKHKSES, APHEC) en passant par le CODICE et des personnalités telles que Philippe Meirieu ou Michel Rocard. Sans compter le nombre important et croissant des questions écrites des parlementaires.
10- La défaite est impossible
La victoire est à portée de main, nous devons continuer à monter en puissance dans notre mobilisation pour faire céder le ministre. Cette journée a un coût pour chacun (une journée de grève, un déplacement à Paris, faire garder ses enfants, revenir fatigué tard mercredi soir) mais c’est ce coût qui fait la force et la valeur d’une manifestation réussie et il sera largement compensé à long terme par notre victoire et par la joie de se retrouver ensemble à Paris, de se sentir unis et soutenus par les personnalités et organisations présentes lors du meeting."
Igor Martinache