Par Frédérique Giraud
Le Précis de sociologie de Philippe Riutort, dont voici la seconde édition (la première date de 2004), appartient à la classe des manuels « encyclopédiques ». Non pas simple aide-mémoire [1], mais véritable support de cours qui fait le bonheur des candidats aux concours de l’agrégation et du capes de sciences économiques et sociales, des élèves de classes préparatoires... Ce « précis » ne joue pas la carte de la synthèse, mais celle de l’exhaustivité, de la précision comme son nom semble a priori l’indiquer. Divisé en trois grandes parties : « La démarche sociologique », « Les traditions sociologiques. Aperçu des grands courants » et « La sociologie en objets », ce Précis comporte en tout seize chapitres qui font parcourir au lecteur différents domaines de recherche de la sociologie et des sciences politiques françaises. Manquent à l’appel l’anthropologie et la démographie, mais l’ambition affichée de ce manuel est bien de présenter la sociologie.
Si l’approche par grands courants et par thèmes dans les deuxième et troisième partie est traditionnelle dans les manuels, le précis recoupant ici l’Histoire des pensées sociologiques de Jean-Pierre Delas et Bruno Milly, la tonalité épistémologique des trois premiers chapitres (« L’avènement de la sociologie. La sociologie et son histoire », « Le raisonnement sociologique. La sociologie est-elle une science ? » et « Les méthodes sociologiques. Faire de la sociologie ») est à relever.
Chaque chapitre s’ouvre sur une mise en bouche intitulée « Connaître » : chronologie pour les chapitres de la première partie, définition, ou tableau statistique. Ainsi les chapitres sur l’école et la famille s’ouvrent-ils respectivement sur un tableau des taux de scolarisation par âge et un tableau présentant la répartition des ménages selon le type de ménage). Chaque chapitre se termine par une sélection de références bibliographiques, une liste de thèmes de réflexion, une liste de concepts et notions qu’il faut savoir maîtriser / définir à la fin de la lecture et une partie « Utiliser » qui appelle le lecteur à réfléchir sur des documents statistiques (c’est le cas dans le chapitre sur l’école par exemple, la famille, le travail...), à analyser des textes, à rédiger des dissertations (« Est-on fonder à parler de la fin des ouvriers ? » pour le chapitre sur les classes sociales, « Comment interpréter la formule de Norbert Elias ‘’Le sociologue est un chasseur de mythes ? ‘’ » pour le chapitre sur le raisonnement sociologique, « Qu’est-ce qu’un auteur classique » pour le chapitre « L’avènement de la sociologie »...). Bien pratique et pédagogique : la mise en gras des mots référencés dans l’index et des phrases importantes. On notera également la présence de nombreux tableaux et schémas.
Peu de changements dans cette deuxième édition, qui paraît six ans après la première. Des tableaux actualisés ou renouvelés, une mise à jour des conseils bibliographiques donnés dans la rubrique « Approfondir », des changements typographiques... mais au final le texte est quasiment le même à quelques ajouts près. On ne change pas une formule qui gagne ? En effet cette absence de mise à jour ne nuit en rien à la qualité d’un ouvrage qui fait à l’évidence partie du peloton de tête des manuels actuellement disponibles par sa clarté et sa précision. Certains chapitres auraient cependant gagnés à être renouvelés, afin de faire place aux travaux nombreux publiés depuis la première édition. C’est notamment le cas pour le chapitre sur la famille, où les travaux sur l’homosexualité, l’homoparentalité auraient pu trouver leur place. On regrettera que les auteurs qui font leur apparition dans l’index des auteurs (par exemple Baptiste Coulmont, Sophie Dubuisson-Quellier, jean-Yves Authier...) soient cantonnés dans les actualisations de références bibliographiques et que leurs travaux ne fassent pas l’objet de développements dans le corps du texte.