Rassurez-vous, le mouvement social pour défendre les régimes spéciaux de retraite lancé aujourd’hui ne devrait pas mettre le pays à feu et à sang. Il n’empêche, au lendemain d’une autre journée symbolique - celle du "refus de la misère"-, il paraît opportun de revenir un peu dans ces quartiers pauvres qui forment le plus souvent la périphérie des grandes villes et qu’on regroupe de manière un peu rapide sous le seul et même terme de "banlieue".
Cela fait donc presque deux ans qu’ont éclaté lesdites "émeutes de novembre 2005" [1], un délai somme toute suffisant pour essayer d’analyser à froid le déclenchement d’un tel mouvemement, mais aussi les mécanismes du maintien de l’ordre qui l’ont entouré.
Telle a été l’ambition des deux réalisateurs de ce document, David Dufresne et Christophe Bouquet, qui nous livrent ici le résultat d’un an d’enquête. Ils donnent ainsi tour à tour la parole aux acteurs de l’événement : manifestants, militants ou élus expliquent ainsi les raisons de leur mobilisation ; tandis que de l’autre côté de la "barrière", Claude Guéant, déjà à l’époque directeur de cabinet d’un Nicolas Sarkozy alors ministre de l’Intérieur, Pierre Mutz, préfet de police de Paris ou Bruno Laffargue, patron des Renseignements Généraux décrivent leur travail et la façon dont le pouvoir s’efforce de répondre aux "crises sociales".