L’émergence de l’immigration comme enjeu du débat public a contribué à ennoblir cet objet de recherche, longtemps considéré comme illégitime. Les succès électoraux du Front National, les réformes successives de la législation sur l’entrée et le séjour et l’inflation des discours médiatiques sur l’intégration, puis sur les discriminations, ont placé l’immigration au cœur de controverses scientifiques et politiques. L’objectif de ce séminaire, ouvert à tous, est de restituer la genèse sociale des concepts et des enjeux mobilisés dans ces débats, grâce à la présentation de travaux scientifiques récents.
Pour cela, nous avons choisi d’adopter une perspective résolument pluridisciplinaire. A chaque séance, l’intervenant proposera un texte, support à sa présentation, qui sera soumis à un discutant chargé d’introduire le débat avec les participants au séminaire. On s’efforcera de privilégier les travaux fondés sur des matériaux empiriques (archives, entretiens, terrains d’observation) et de centrer la discussion collective sur les apports de la conférence et sur les questions soulevées par la méthodologie utilisée.
Le renouvellement du regard porté par les sciences sociales sur l’immigration sera appréhendé autour de trois grands axes thématiques. Tout d’abord, la politique d’immigration n’est plus analysée à l’aune exclusive des dispositions juridiques ou des conventions bilatérales négociées entre Etats d’origine et Etats d’accueil. De plus en plus de chercheurs attachent une grande importance à l’analyse des institutions intermédiaires et des agents mandatés pour appliquer, au niveau local, les règles de droit. Nous essaierons d’appliquer ce changement de perspectives à différents contextes historiques et nationaux. Par ailleurs, de nombreux travaux français et anglo-saxons s’intéressent désormais au poids de l’histoire coloniale dans la généalogie des discours, des enjeux et des pratiques relatifs à l’immigration. Nous tenterons de mettre en débat ce regard croisé entre histoire migratoire et histoire coloniale. Enfin, si la prise en compte des différentes institutions étatiques constitue un apport incontestable de l’historiographie récente, l’histoire de l’immigration ne saurait se réduire à l’exercice unilatéral du pouvoir de l’Etat sur les étrangers : elle se décline également selon les trajectoire des migrants et selon les stratégies qu’ils déploient tout au long de leur séjour dans la société d’accueil.
Pour tous renseignements, vous pouvez nous contacter : alexis.spire@libertysurf.fr ou claire.zalc@ens.fr
Programme
21 octobre 2005. Les naturalisations en France. Travaux d’Abellali Hajjat « Etude des refus de naturalisation pour "défaut s’assimilation » et de Sarah Mazouz « Les cérémonies de remise de décrets de naturalisation, symbolique républicaine ». Discutants : Alexis Spire et Claire Zalc
2 décembre 2005 : Tom Charbit, Socio-histoire d’un camp de harkis : Saint-Maurice-l’Ardoise (1962-1976). Discutante : Sylvie Thenault
6 janvier 2006 : Manuel Chottet, « L’intégration par le sport » : réflexions à partir de l’étude des trajectoires de coureurs professionnels immigrés. Discutant : Stéphane Beaud
3 février 2006 : Nicolas Jounin, Utiliser une main-d’œuvre immigrée dans le bâtiment : entre concurrence généralisée et ségrégations. Discutant : Jean-Pierre Hassoun
3 mars 2006 : Jair de Souza Ramos, Les politiques d’attraction d’immigrants au Brésil au 20ème siècle. Discutant : Gérard Noiriel
7 avril 2006 : Les rapatriés, des étrangers comme les autres ? Travaux d’Ana Perrin-Heredia sur « La mémoire de l’exil des rapatriés d’Algérie » et de Yann Scioldo-Zürcher sur « La politique d’intégration mise en place en France face à l’arrivée des rapatriés d’outre-mer ». Discutant : Paul-André Rosental (sous réserve)
5 mai 2006 : David Kourdour Casteras, L’étalon-or et les migrations internationales à la fin du 19ème siècle. Discutant : Thomas Piketty
2 juin 2006. Coordination des études régionales sur l’histoire et la mémoire des immigrations en France