Par Cédric Frétigné [1]
Enième ouvrage d’introduction à la sociologie des organisations ? A dire vrai, le titre est abusif sinon trompeur. Et il serait dommage que sa justification commerciale (le souci éditorial de ratisser large) fasse perdre de vue le cœur du projet porté par Michel Foudriat dont le sous-titre porte, pour partie, témoignage : initier à la pratique du raisonnement -stratégique et systémique - (autre élision répondant à des considérations exogènes). In fine, il ne faudrait pas que le caractère généraliste du titre desserve une entreprise tout à fait ambitieuse et originale visant à former, cas pratiques (exercices et corrigés) à l’appui, à une démarche sociologique qui a de longue date fait ses preuves.
Michel Foudriat propose une lecture de « situations-problèmes » rencontrées dans divers secteurs d’activité (social, éducatif, industriel) au prisme du raisonnement crozierien. Tout au long de l’ouvrage, il déroule, par le menu, le schéma d’analyse porté par Michel Crozier et son équipe. S’il en était encore besoin, sa fécondité est de nouveau démontrée. Mais l’intérêt de l’ouvrage réside surtout dans le fait qu’il dote le lecteur des outils intellectuels qui rendent possible l’appropriation du raisonnement stratégique et systémique aussi bien par des étudiants apprentis-sociologues que par des néophytes soucieux de mieux comprendre les « situations-problèmes » qui se présentent sur leur lieu d’activité professionnelle.
Certes, la sociologie des organisations ne se résume pas à l’analyse stratégique et systémique promue par l’école crozierienne. Et c’est là que le titre de l’ouvrage pose réellement problème. Des contemporains de Michel Crozier (Renaud Sainsaulieu ou Jean-Daniel Reynaud par exemple) auraient également droit de cité dans un tel manuel. Il demeure que l’auteur se serait bien passé de ce lourd fardeau (un titre imposé par l’éditeur). Il ne faut donc pas lui faire grief de ce que le contenu de l’ouvrage ne soit pas pleinement conforme à son intitulé. Retenons plutôt la force du propos et le bénéfice qu’il y a, vingt ans après que Philippe Bernoux s’y soit lui-même essayé [2], à disposer d’un ouvrage riche en illustrations, exemples, cas pratiques dans lequel tout un chacun (enseignants, étudiants, professionnels des relations sociales) pourra puiser et tirer matière à réflexion.