La notion de « réseau » connaît en sciences sociales un succès grandissant depuis quelques décennies. La sociologie des réseaux sociaux prend pour objets d’étude non pas les caractéristiques des individus, mais les relations entre ces individus et les régularités structurales qu’elles présentent, pour les décrire, rendre compte de leur formation, de leurs transformations, et analyser leurs effets sur les comportements.
En s’appuyant sur des méthodes empruntées à la psychologie expérimentale, à la théorie des graphes et à l’algèbre linéaire, mais aussi à l’ethnologie et à l’histoire, elle a constitué un domaine propre, éprouvant ses outils sur des objets « relationnels » aussi divers que la sociabilité, l’amitié, le capital social, le pouvoir, les pratiques sexuelles...
Ce livre présente les spécificités de cette approche originale, la variété des outils ainsi que des objets auxquelles elle est appliquée. Il pose aussi la question de la validité de la prétention de l’analyse des réseaux sociaux à constituer un nouveau paradigme sociologique, une « troisième voie » théorique entre le holisme et l’individidualisme sociologique.
Pierre Mercklé
Pierre Mercklé, agrégé de sciences économiques et sociales et docteur en sociologie, enseigne la sociologie à l’ENS Lettres & Sciences humaines. Ses enseignements et ses travaux portent sur l’histoire de la sociologie, les réseaux sociaux, les méthodes quantitatives en sciences sociales et les pratiques culturelles.
Table des matières
Introduction
1/ Les réseaux : un nouveau concept, une vieille histoire
Le réseau : un tout petit monde...
Les unités élémentaires des réseaux
L’étendue des réseaux sociaux
Les origines de l’analyse des réseaux sociaux
Simmel, fondateur de la sociologie des réseaux ?
La psychologie et les réseaux : les apports de la sociométrie
2/ L’analyse des réseaux sociaux, une méthodologie quantitative
Les outils de l’analyse structurale
La théorie des graphes
Mesurer les propriétés structurales
Réseaux et matrices
Réseaux complets vs réseaux personnels
Comment délimiter un « réseau complet » ?
Les réseaux personnels
3/ La sociabilité
Intensité, formes et évolutions de la sociabilité
Intensité et formes de la sociabilité
La thèse du déclin de la sociabilité
Déclin ou transformation de la sociabilité ?
Il n’y a pas de déclin du « temps de sociabilité »
Des formes substituables de sociabilité ?
La sociabilité, bien collectif et ressource individuelle
De la sociabilité à l’amitié
De l’amitié à la solidarité
4/ Le capital social
Qu’est-ce que le capital social ?
Le capital social, une ressource individuelle
Une ressource spécifique ?
Le capital social, un concept analytique
Liens faibles et trous structuraux
La force des liens faibles
La théorie des trous structuraux
Une théorie structurale du pouvoir
L’autonomie
La centralité
5/ Réseaux et cohésion sociale
Transformations de la sociabilité, déclin de la cohésion sociale ?
Les discours de déploration
L’affaiblissement de la sociabilité, un progrès pour la cohésion sociale ?
Les groupes sociaux sous le regard de l’analyse structurale
La logique de la densité
La logique de la connexité
La logique de l’intensité
De la transitivité à l’équilibre structural
Les théories de l’équivalence structurale
Le principe de l’équivalence structurale
Le « blockmodeling »
L’équivalence structurale, une avancée sociologique ?
6/ Un nouveau paradigme sociologique ?
Les ambitions de l’analyse des réseaux sociaux
Le déterminisme structural
L’émergence des structures sociales
Un révolution scientifique ?
Ni holisme, ni atomisme
L’ambition paradigmatique de l’analyse des réseaux
L’arbre ou la forêt
Conclusion
Repères bibliographiques
Table des matières
Index des notions