Sociologie et architecture. Ces deux termes semblent pouvoir se conjuguer. En réalité, depuis des décennies, pour ne s’en tenir qu’à la France, une interrogation fait litanie. Elle porte, dans ce pays, sur la performance attendue de « l’apport » pédagogique - sous-entendu « pratique » - des sciences humaines et sociales vis-à-vis de la formation en architecture, avec une question rituelle : quels types de contenus « efficaces » donner à l’enseignement de l’architecture ? En parallèle, les connaissances en sciences sociales visant l’architecture, ou plus généralement l’espace construit, ont suivi leur propre chemin. Ce dossier vise, non pas tant à combler cet écart, depuis longtemps installé, qu’à en proposer d’autres interprétations ou d’autres sujets d’investigations ; et, pour aller plus loin, à soumettre au lecteur des sources nouvelles. Cela s’avérant d’autant plus judicieux que l’appel à articles appelait à des visions comparées ; il nous revenait donc de capter des regards et analyses moins « hexagonaux ». Ce dossier propose quelques échappées.
Il convient de rappeler qu’en France, des réflexions de l’Institut de l’environnement dans les années 1970 jusqu’à celles qui semblent installées aujourd’hui, il s’est toujours agi de construire une posture, des méthodes et des outils, en vue de soutenir l’enseignement de l’architecture, ou plus vaguement une « interdisciplinarité » à partir des dites sciences humaines et sociales. Mais il a toujours été difficile de se dégager d’une double contrainte : adapter les modes pédagogiques et collaboratifs des deux domaines et intégrer leurs évolutions (des expériences, des savoirs et enjeux de connaissances) pas toujours synchrones ? La réflexion a trop souvent pris le chemin des dites « bonnes pratiques » d’enseignement et de collaboration. Ces relations entre architecture et sociologie ont donc souvent conduit à des malentendus : les sociologues reprochant aux architectes l’instrumentalisation de leur discipline et les architectes reprochant aux sociologues un apport insuffisant, voire « trop distancié », à leurs pratiques professionnelles.

Sociologies et architecture
Un numéro de la revue Espaces et Sociétés (Erès, N°142, 2010)
publié le jeudi 8 juillet 2010
Domaine :
Sociologie
,
Urbanisme, architecture
Sujets :
Ville