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Sonya et sa famille

Un film documentaire de Daniela Rusnokova (La Famille digitale, 2009)

publié le lundi 25 octobre 2010

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Par Elodie Wahl [1]

Sorti en 2006, filmé entre 2004 et 2006, le documentaire de Daniela Rusnokova, Sonya et sa famille veut montrer « la condition de la femme [Rom] dans la Slovaquie post-communiste », d’après ce qui est mentionné sur la jaquette. Pendant 37 minutes, une tranche de la vie de Sonya nous est évoquée : ses rapports avec son mari, avec le catholicisme, avec le régime politique, et surtout avec ses enfants - 13 au début du film, 14 à la fin, et un sous-titre nous apprend qu’au moment où le film est monté, Sonya a eu un quinzième enfant. Mais le documentaire ne montre ni la communauté Rom, ni la Slovaquie ou les Slovaques. Le choix de la réalisatrice est résolument micro-sociologique : nous ne quittons pas la famille. Nous pouvons imaginer que les contacts de cette famille avec le reste du monde sont inexistants, à trois exceptions : la famille fréquente l’hôpital où Sonya accouche, l’Eglise où elle fait baptiser ses enfants, la prison dans laquelle se retrouvent les aînés par suite de vols.

Des autres Roms on ne nous dira rien : le film ne montre qu’une scène où plusieurs femmes sont présentes. Elles évoquent le régime communiste qui traitait bien les Roms (et bien les femmes), et dénoncent la démocratie qui les prive d’allocations. Une femme revendique son choix de donner naissance, à l’instar de sa mère, à 24 enfants. Dès lors nous sommes face à un portrait des Roms qui pourrait se résumer à ceci : ils sont nostalgiques du communisme, irresponsables par rapport à la fécondité, voleurs, même si c’est par nécessité... Pour tempérer cette image clichée peu engageante, le film se centre sur les réflexions d’une femme engagée sur le chemin de la sagesse. Sonya ne veut pas que ses enfants volent, elle déplore l’alcoolisme de son mari, songe à l’avortement et n’évoque la démocratie que pour regretter une époque antérieure où le travail et les salaires ne manquaient pas aux Roms. Sous le communisme, les hommes travaillaient et la paie tombait deux fois par mois, dit Sonya au début du documentaire...

Mais naissant à la sagesse, Sonya semble bien seule. Une de ses filles tombe enceinte en même temps qu’elle, l’adolescente a même oublié de compter les mois et ne sait pas quand elle va accoucher. Le mari, qui reconnaît que l’alcool lui a « rongé les sangs », veut ignorer la charge que représente la naissance de nouveaux enfants. Les garçons sont turbulents et n’obéissent pas. Quant au prêtre, s’il est soucieux du retard de baptême des enfants, et de la connaissance que doit prendre la famille des Dix commandements, il dit espérer que le nouvel enfant améliorera le sort de la famille.

Ainsi, centré sur cette famille, le spectateur est au début du film dans une position de voyeur. L’écran est encadré d’un œilleton noir. Les premiers plans nous montrent les enfants dehors, au printemps, au milieu des fleurs. L’œilleton réapparaît au milieu du film : le plan montre les aînés en cellule. Nous quittons rapidement le printemps et l’extérieur. Toutes les scènes sont tournées l’hiver. La plupart à l’intérieur de la cabane qui ne comporte qu’une pièce. Il s’agit donc d’une famille emprisonnée dans sa pauvreté et sa solitude hivernale.

Mais « avant », les Roms avaient des contacts avec l’extérieur. Si leur condition nomade ou sédentaire n’est jamais évoquée, ce que l’on sait par contre c’est que les loisirs étaient en ville : le cinéma, la salle de bal, où l’on passait des moments heureux. Maintenant le lieu est à l’abandon... Comme la communauté ? Difficile de le déduire : le film ne montre que ce qu’il montre, c’est-à-dire Sonya et ses enfants. Dès lors il laisse le spectateur un peu dérouté, en proie à beaucoup de questions, tant en ce qui concerne la condition des Roms en Slovaquie que l’intention de la réalisatrice.

NOTES

[1Docteure en sociologie, Professeur en Lycée Professionnel (Lettres Histoire).

Note de la rédaction

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