Près de 1000 régularisations : c’est le bilan actuel de la grève des travailleurs sans-papiers, initiée l’hiver dernier. Le 13 février 2008, les cuisiniers de « la Grande Armée », à Paris, cessent le travail et entament l’occupation du restaurant. Ils sont soutenus par la CGT et Droits Devants !, qui s’appuient sur une circulaire gouvernementale. Celle-ci autorise les préfets à examiner particulièrement les demandes de régularisation qui concernent les métiers « en tension », pour lesquelles la main-d’œuvre manque. Ils inaugurent ainsi un conflit social inédit, au regard de son ampleur, de sa durée comme de ses acteurs et actrices : les sans-papiers revendiquent désormais en tant que salarié-e-s, soutenus par des syndicats (la CGT, donc, mais aussi la CNT et Solidaires). Si cette grève n’est pas « générale », elle n’est à l’évidence pas « classique », limitée à une entreprise ou à un secteur d’activité : rapidement, tous les métiers « en tension » (restauration, bâtiment, nettoyage, etc.) sont touchés. Les premières régularisations n’entraînent pas une baisse de la mobilisation, mais la renforcent, qui poussent d’autres travailleurs à la rejoindre.
Mouvements propose trois textes qui en analysent les ressorts, les avancées mais aussi les limites :
« Nos compagnons secrets » par Marc Bernardot, initialement publié sur notre site en juillet dernier ;
« Sans-papiers : extension du champ des contradictions », par Pierre Tartakowsky, initialement paru sur le site www.metiseurope.eu le 17 septembre ;
« Retour du travailleur immigré », par Sébastien Chauvin, Nicolas Jounin et Lucie Tourette, rédigé en avril 2008.