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Trente ans d’étude des langages du politique (1980-2010)

Un numéro spécial de la revue "Mots. Les langages du politique" (ENS Editions, n°94 novembre 2010)

publié le mardi 15 mars 2011

Domaine : Science politique

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Par Serge Pacé [1]

Le numéro spécial de Mots (acronyme de mots, ordinateur, texte et société) nous propose pour ses trente ans d’existence un bilan méthodologique et des champs disciplinaires des langages du politique. La polysémie du mot, du discours, du langage nous donne l’image d’angles d’attaque multiples qui conduisent à un éclatement disciplinaire, richesse du domaine interrogé. Il s’agit de nous donner un état de la recherche, « un rapport d’étape » sur les trente dernières années avec un contexte dont il serait banal de dire qu’il est en pleine évolution indissolublement liée au passé.

L’interdisciplinarité est revendiquée comme étant « au cœur de l’identité de la revue » même si elle
se heurte à plusieurs obstacles dont les coûts d’opportunité de l’appropriation des outils d’une autre science, l’incertaine adéquation des instruments aux attentes de l’autre, l’effet des découpages académiques. La diversité des champs scientifiques et des maîtres à penser évoqués par Maurice Tournier, un des fondateurs de la revue, peut induire dans une lecture rapide l’idée qu’il n’y a pas de démarche disciplinaire spécifique dans ce domaine. Les éclairages peuvent être difficilement compatibles mais sont riches d’enseignement. Le discours politique vu comme un affrontement entre un pouvoir a priori manipulateur et des dominés potentiellement révoltés, ne génère pas les mêmes approches que si on le considère comme une lutte entre des représentations concurrentes de la conflictualité ou comme une mise en scène du consensus et du dissensus. En la matière, si le pouvoir des mots ne fait aucun doute, la question de son fondement reste objet de débats. Toutefois un peu plus loin, le texte liminaire nous propose un programme de travail précis, « remettre en cause la transparence du discours, par la prise en compte de « non seulement de ce qui est dit, mais de la manière, plus signifiante souvent , dont cela est dit », au moyen de la quantification et le traitement automatique d’un corpus, la lexicométrie, analyse quantitative des termes utilisés. L’objectif des chercheurs est alors de dévoiler les présupposés idéologiques des locuteurs mais aussi les « ruses » utilisées pour faire accepter un message. Rigueur scientifique et esprit critique, voilà ce qui guide le « lexico-maître ». Cette approche ne nous paraît pas contradictoire.

L’analyse du discours politique ne s’arrête pas à l’étude des textes mais aussi à d’autres formes d’expression comme l’image. Ainsi, quatre articles abordent ses différentes manifestations avec les sciences de l’information et de la communication. L’article de Marc Bonhomme nous présente la caricature politique qui peut paraître être une des dimensions les plus virulentes de la critique du discours politique. L’intérêt de cet article est de montrer l’importance de la représentation formelle de la caricature. Le travail de Marlène Coulomb-Gully montre que les deux émissions de caricatures politiques emblématiques de la télévision, le Bébête-Show et les Guignols de L’Info, malgré leurs points communs, différent sur le traitement de l’image. Pour le premier, il y a un clivage clair entre le fait politique et sa médiatisation, ce qui n’est pas le cas pour la seconde. On peut s’interroger si cela ne rejoint pas et ne va pas dans le sens de l’approche de Patrick Charaudeau. Pour lui, Le politique, lieu de fabrication et de confrontation heuristique des idées, cède de plus en plus à La politique, lieu d’exercice du pouvoir et d’influence pour faire partager les idées de la gouvernance. De fait c’est davantage la mise en scène qui est privilégiée au dépend de l’idée. Si l’on suit cette démarche, la critique, ici les Guignols de l’Info, renforcerait par son format, ce qui est l’objet de sa critique, la médiatisation du politique.

La critique est ancienne : on ne peut pas oublier le débat qu’avait provoqué Pierre Bourdieu à la suite de son invitation par Daniel Schneidermann à Arrêt sur Images, ainsi que les critiques de Dominique Volton à l’égard de la représentation du sociologue à l’égard de la fabrication du message médiatique. Elle reste tout de même déstabilisante car elle invite plus au questionnement qu’à des réponses faciles et convenues. C’est me semble-t-il l’objectif des auteurs de ce numéro spécial : plutôt que de cloisonner, réduire et homogénéiser, les promoteurs de cette revue ont voulu ouvrir, étendre, décloisonner et obliger le lecteur à se construire son propre jugement du discours politique solidement argumenté .

Il faut remarquer que l’un des créateurs de la revue, Maurice Tournier, revendique ce point de vue dans son entretien, privilégiant ainsi la richesse de la recherche de préférence à une homogénéisation réductrice.
À n’en pas douter, ce spécial constitue une référence que l’on devra ouvrir à plusieurs reprises pour revenir sur ses présupposés ou ses a priori.

NOTES

[1Agrégé de SES au LPO de Grand-Bourg (Guadeloupe)

Note de la rédaction

À lire aussi dans la rubrique "Lectures"

Une réponse de José Luis Moreno Pestaña au compte rendu de Pierre-Alexis Tchernoivanoff
Un ouvrage de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot (Payot & Rivages, Coll " Essais Payot", 2009)
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