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Zola d’Ouest en Est : Le naturalisme en France et dans les deux Allemagnes

Un ouvrage d’Aurélie Barjonet (PU de Rennes, Coll "Interférences", 2010)

publié le mardi 14 décembre 2010

Domaine : Littérature

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Par Frédérique Giraud

Version remaniée d’une partie d’une thèse de doctorat soutenue en 2007 qui envisageait la réception d’Emile Zola sur plus d’un siècle, l’ouvrage Zola d’ouest en est. Le naturalisme en France et dans les deux Allemagnes propose de s’intéresser à la réception de l’œuvre zolienne et du projet naturaliste dans la période de l’après Seconde Guerre mondiale. Il n’est pas question de la réception par les lecteurs anonymes, mais de la réception critique et universitaire de Zola et du naturalisme zolien. L’accent est placé sur la réception est-allemande de Zola. Romancier du prolétariat, les œuvres d’Emile Zola trouvent des échos « naturels » en RDA. L’enjeu de cet ouvrage est de sonder cette réception au moment de la formation des deux blocs, de façon très pointue et fouillée et de peindre les stratégies adoptées par les récepteurs en vue de réhabiliter Zola. C’est un pari réussi.

Le coup d’envoi des stratégies de réhabilitation de la critique scientifique date des années 1950. Elles seront suivies depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, jusqu’en 1978, date à laquelle entre autres choses la réhabilitation de Zola semble acquise des deux côtés du Rhin. Aurélie Barjonet différencie la réception, qu’elle définit comme une réaction minimale, de la révision, lorsque la réception est approfondie et répétée et qu’elle vise à produire une nouvelle image de Zola, de la réhabilitation terme par lequel elle désigne une action de long terme qui vise à valoriser l’image de Zola.

Le premier chapitre est une voie d’entrée salutaire dans l’ouvrage, qui dresse un état des lieux de la réception de Zola au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale en France, RDA et RFA. Dans les années quarante, Français et Allemands mobilisent Zola à des fins extra-littéraires : son combat en faveur d’Alfred Dreyfus est invoqué à des fins de récupération politique. Les communistes sont prompts à convoiter Zola. C’est aussi les premiers temps de l’exploration et de l’approfondissement universitaire de Zola. Il semble que l’Allemagne de l’Est soit plus intéressée par Zola que l’Allemagne de l’Ouest. : Zola fait figure de patrimoine démocratique.

Choisie pour éditer les Rougon-Macquart dans une nouvelle traduction allemande, Rita Schober fut à la fois la réceptrice de l’oeuvre de Zola la plus précoce et dominante en RDA. Dans le chapitre deux, Aurélie Barjonet revient sur le parcours des deux premiers récepteurs de Zola en RDA : Victor Klemperer et Alfred Kantorowicz. L’auteure développe une vision attentive aux capitaux des traducteurs et au contexte historique et social de déploiement de leurs missions de traducteurs. Ce n’est qu’avec Rita Schober que Zola est véritablement introduit en RDA comme un auteur légitime. Aurélie Barjonet retrace la genèse des traductions zoliennes, et dessine le parcours des travaux de Rita Schober, qui ont constitué une étape importante dans la réhabilitation de Zola. D’abord réhabilité en tant que romancier réaliste, Rita Schober voit progressivement en Zola un « novateur ». Elle est une des seules à analyser le style de Zola. Les analyses de l’auteure nous permettent d’analyser le parcours d’une traductrice, passée de la fidélité aux thèses de Lukacs à une progressive hétérodoxie. Hétérodoxie qui n’est pas sans lien avec l’évolution politique des deux Allemagnes.

Zola d’ouest en est. Le naturalisme en France et dans les deux Allemagnes est un ouvrage destiné à un public éclairé sur Zola. Extrêmement fouillé, il n’est pas d’un abord facile, mais constitue une base de travail importante. S’appuyant sur des sources multiples (entretiens menés avec des témoins et des acteurs de la réception zolienne en particulier avec Rita Schober, éditions zoliennes, articles critiques (postfaces, préface et articles) mais aussi articles de presse) ce livre retrace une histoire intellectuelle et culturelle récente. Il possède les vertus d’une approche comparatiste, qui met en évidence des éléments saillants de la réception zolienne et partant le poids du contexte culturel pour la lecture. C’est le cas notamment du dernier chapitre consacré à une étude croisée de la réception zolienne dans les deux Allemagne et en France. Adoptant une perspective à la fois chronologique et géographique, l’analyse permet au lecteur de progresser pas à pas dans la compréhension de la réception zolienne.

Note de la rédaction

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